L'escalade qui fait craindre la guerre dans la péninsule de Corée a son origine dans la destruction de la corvette sud-coréenne Cheonan, le 26 mars dernier, qui a fait 46 morts. La semaine dernière, un rapport gouvernemental sud-coréen a conclu que la Corée du Nord avait coulé le Cheonan à l'aide d'un escadron de mini-sous-marins.

Il s'agit de l'attaque militaire nord-coréenne la plus importante depuis l'attentat perpétré contre un avion de ligne sud-coréen en 1987, qui avait tué 115 passagers et membres d'équipage.

 

L'attaque à la torpille est survenue dans une zone de la mer Jaune hautement risquée. «Lors de l'armistice de 1953, cinq îles occupées par l'ONU ont été arbitrairement attribuées au Sud alors qu'elles étaient au nord de la ligne de démarcation officielle, explique Jack Pritchard, président de l'Institut économique coréen à Washington. Le Nord n'a jamais accepté la souveraineté du Sud sur ces cinq îles, d'autant moins que cette zone est très riche en crabe. Chaque été, la tension monte, et la marine sud-coréenne doit souvent chasser des bateaux de pêche nord-coréens et chinois qui s'y aventurent, parfois intentionnellement, parfois par accident.»

Ces eaux ont vu trois affrontements entre le Nord et le Sud en 1999, en 2002 et en novembre dernier. «Chaque fois, les navires du Sud ont gagné, dit M. Pritchard. L'an dernier, en particulier, l'un des navires de patrouille les plus récents de la Corée du Nord a été complètement détruit. Ç'a été une humiliation. Il pourrait donc s'agir d'un acte de vengeance.»

Selon l'hypothèse des enquêteurs sud-coréens, un navire de ravitaillement et plusieurs mini-sous-marins nord-coréens ont quitté une base de la mer Jaune quelques jours avant l'attaque contre le Cheonan. L'un des mini-sous-marins a franchi la frontière sans être détecté et a lancé la torpille fatale.