La Corée du Nord a annoncé jeudi son intention d'abandonner un accord destiné à prévenir toute confrontation armée avec la Corée du Sud, tandis que les États-Unis ont mis Pyongyang en garde contre toute nouvelle tentative d'agression, dans le cadre de la crise liée au naufrage d'une corvette sud-coréenne, le «Cheonan», le 26 mars.

Les relations entre les deux Corée se sont détériorées après ce naufrage qui a fait 46 morts. Une enquête internationale a conclu la semaine dernière à un torpillage par un sous-marin nord-coréen. Pyongyang nie toute implication et a menacé d'une guerre totale.

Jeudi, l'armée nord-coréenne a annoncé qu'elle «annulait totalement» l'accord destiné à éviter les tirs accidentels le long de la frontière maritime contestée entre les deux pays. «Des attaques physiques immédiates seront lancées» contre les navires sud-coréens qui entreront dans les eaux nord-coréennes, a prévenu l'armée dans un communiqué diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

Mercredi, Pyongyang a annoncé avoir coupé des liens de communication entre les deux pays et a expulsé huit officiels sud-coréens de la zone industrielle conjointe de Kaesong, implantée du côté nord-coréen de la frontière. L'armée précise qu'elle va interdire le passage des personnels et véhicules sud-coréens dans cette zone.

Jeudi, une flotte de la marine sud-coréenne a mené un important exercice anti-sous-marin au large de cette côte ouest. Dix navires de guerre, dont un contre-torpilleur de 3 500 tonnes, ont fait feu et largué des bombes anti-sous-marins, a précisé la marine.

Il s'agissait du premier exercice du genre, du côté sud-coréen, depuis le naufrage du «Cheonan», selon un responsable de la marine, qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat.

D'ici à juillet, Séoul prévoit deux autres exercices majeurs, menés cette fois conjointement avec les États-Unis, un déploiement de force destiné à dissuader une éventuelle nouvelle agression de la Corée du Nord, a indiqué l'état-major interarmées sud-coréen.

Le général Walter Sharp, le commandant des forces américaines stationnées en Corée du Sud, a précisé que les États-Unis, la Corée du Sud et d'autres membres du commandement des Nations unies soutiendraient les «efforts pour dissuader et faire échouer une agression».

«Nous appelons la Corée du Nord à cesser tout acte de provocation et à respecter les termes des accords conclus par le passé, y compris l'accord d'armistice», a déclaré le général Sharp.

La péninsule est toujours techniquement en guerre dans la mesure où le conflit de 1950-53 s'est terminé par une simple trêve. Aucun traité de paix n'a été signé depuis et 28 500 soldats américains restent stationnés côté Sud.

Des médias sud-coréens ont rapporté jeudi que le commandement conjoint américano-coréen, dirigé par le général Sharp, avait relevé son niveau de surveillance de 3 à 2, le niveau 1 étant le plus élevé.

Ce renforcement du niveau de surveillance implique une intensification des activités de reconnaissance de la Corée du Nord par les satellites espions et les avions espions U-2 américains, selon le journal «JoongAng», qui cite un responsable sud-coréen non-identifié.

Il s'agirait du premier changement de niveau depuis le test nucléaire effectué par la Corée du Nord en mai 2009, mais les armées américaine et sud-coréenne n'ont pas voulu confirmer l'information.