Le Conseil de sécurité va condamner «l'attaque ayant conduit au naufrage» de la corvette sud-coréenne Cheonan sans l'imputer directement à la Corée du Nord, dans une déclaration qui devrait être adoptée vendredi et dont l'AFP a obtenu copie jeudi.

Le Conseil va également exprimer «sa profonde préoccupation» du fait qu'une enquête menée par la Corée du Sud, avec la participation de cinq autres Etats, a conclu à la culpabilité de la Corée du Nord dans l'incident. Pyongyang a démenti toute responsabilité, ce dont le texte du Conseil «prend note».

Le texte demande également que «des mesures appropriées et pacifiques soient prises envers les personnes responsables de l'incident».

Il affirme qu'un tel incident «met en danger la paix et la sécurité dans la région et au-delà» et souligne qu'«il importe d'éviter toute nouvelle attaque ou acte d'hostilité contre la République de Corée (Corée du Sud) ou dans la région».

La déclaration salue «la retenue dont a fait preuve la Corée du Sud» et «appelle à une adhésion pleine et entière à l'Accord d'armistice» qui a mis fin à la fin de la guerre de Corée en 1953.

Ce texte est très édulcoré par rapport à ce que Séoul aurait souhaité, en raison de l'opposition de la Chine, alliée traditionnelle de la Corée du Nord, à toute condamnation explicite du régime de Pyongyang.

Il a été négocié entre les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), la Corée du Sud et le Japon et distribué jeudi par les Etats-Unis au Conseil de sécurité lors d'une séance plénière non prévue initialement.

Les membres non permanents du Conseil ayant besoin d'un peu de temps pour consulter leur capitale, la déclaration n'a pu être adoptée dès jeudi et devrait l'être vendredi, selon plusieurs diplomates.

L'adoption d'une telle déclaration requiert l'unanimité des 15 membres du Conseil.

«C'est une réponse appropriée qui, si elle est adoptée, signifiera que le Conseil de sécurité est uni dans sa condamnation de l'attaque du 26 mars qui a conduit au naufrage du Cheonan», a déclaré à la presse l'ambassadrice des Etats-Unis, Susan Rice. Elle a qualifié le texte de «très clair».

Le Conseil de sécurité a été saisi par la Corée du Sud de l'incident naval, survenu le 26 mars, l'un des plus graves depuis l'armistice de la guerre de Corée en 1953. Séoul souhaitait voir la Corée du Nord condamnée pour son rôle présumé dans ce naufrage.

L'ambassadeur de Corée du Nord à l'ONU avait averti le 15 juin que son pays réagirait militairement à toute condamnation par le Conseil.

Une enquête internationale a conclu fin mai à un tir de torpille par un sous-marin nord-coréen, mais la Corée communiste nie toute responsabilité et exige de pouvoir inspecter le site de l'incident, près de la ligne de démarcation maritime inter-coréenne et qui a coûté la vie à 46 marins sud-coréens.