Une bombe a explosé dimanche à un arrêt d'autobus à Bangkok faisant un mort et dix blessés, une attaque qui a ravivé les tensions deux mois après la fin des violentes manifestations anti-gouvernementales dans la capitale thaïlandaise, ont annoncé les services de secours.

L'explosion a eu lieu après la fermeture des bureaux de vote pour une élection législative anticipée dans la capitale qui opposait un dirigeant du mouvement anti-gouvernemental des «chemises rouges» et un membre du parti au pouvoir. Ce dernier semblait en passe de remporter la victoire.

La victime est un homme âgé de 51 ans, qui est décédé à l'hôpital des suites de ses blessures, a annoncé à l'AFP un responsable du centre de secours Erawan, ajoutant que dix autres personnes avaient été hospitalisées.

L'explosion s'est produite à un arrêt d'autobus devant un supermarché situé dans le quartier commerçant de Bangkok que les «chemises rouges avaient occupé pendant leur vaste mouvement de protestation qui a pris fin en mai.

«Il s'agit d'une tentative de blesser des gens innocents», a estimé le porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn. «Les autorités vont devoir renforcer les mesures de prévention», a-t-il ajouté sans donner de détails.

La zone de la déflagration a été bouclée par la police et des experts ont été dépêchés sur les lieux à la recherche d'indices.

L'explosion semble avoir été causée par une petite bombe à retardement «destinée à susciter la peur», a raconté un soldat à l'AFP.

Cette explosion survient deux mois après les manifestations anti-gouvernementales des «chemises rouges» dans le centre de Bangkok, la pire crise politique en Thaïlande depuis 1992, qui a fait 90 morts et 1.900 blessés.

Depuis cette grave crise, la société thaïlandaise demeure profondément divisée et environ un cinquième du territoire thaïlandais est encore placé sous état d'urgence. Cette mesure interdit tout rassemblement de plus de cinq personnes et permet aux forces de sécurité de détenir un suspect pendant trente jours sans mandat de la justice.

Les manifestations, à l'appel des chemises rouges, ont rassemblé jusqu'à 100.000 personnes qui revendiquaient l'organisation d'élections immédiates, mais la plupart de leurs dirigeants sont actuellement derrière les barreaux.

Parmi eux se trouve le candidat à l'élection de dimanche, Kokaew Pikulthong, qui est en prison pour terrorisme et n'a pas eu l'autorisation de faire campagne.

Selon les premiers résultats rendus publics par la Commission électorale, il semble avoir perdu son pari de remporter un siège au Parlement. Le candidat du Parti démocrate au pouvoir, Panich Vikitsreth, était en tête avec 96.480 suffrages contre 81.776 pour son adversaire.

L'avocat des «chemises rouges», Jatuporn Prompan, a déclaré dimanche que son mouvement n'abandonnerait pas la lutte pour chasser le gouvernement en place du Premier ministre Abhisit, jugé trop élitiste. «Nous continuerons à nous battre», a-t-il affirmé.

Les «rouges» exigent des élections, rappelant qu'Abhisit est arrivé au pouvoir fin 2008 sans passer par les urnes, à la faveur de décisions de justice favorables et d'un renversement d'alliance parlementaire.

Le scrutin de dimanche, le premier depuis les manifestations, était considéré comme un test pour le pouvoir.