Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il devrait convoquer cette semaine une réunion très inhabituelle du parti communiste au pouvoir pour préparer la succession en faveur de son plus jeune fils.

Comme tous les événements politiques dans ce pays reclus, la réunion est entourée du plus grand secret. Sa date d'ouverture et sa durée ne sont même pas connus.

Selon les médias officiels nord-coréens, la conférence des principaux délégués du parti communiste --la première depuis 1966-- élira «l'organe suprême» du parti.

Des analystes s'attendent à ce que les délégués consacrent Jong-Un comme successeur de son père, âgé de 68 ans et très malade.

Mais le plus jeune des fils de Kim Jong-Il, éduqué en Suisse, probablement âgé de 27 ans et dont aucune photo à l'âge adulte n'a été vue à l'extérieur du pays, pourrait rester dans l'ombre pendant encore un certain temps.

Le déjà très puissant Jang Song-Thaek, beau-frère de Kim Jong-Il, et d'autres proches du fils, devraient être promus à de hautes fonctions au sein du parti afin d'assurer une transition sans heurt.

«Avec ce remaniement, Jang et les autres, qui représentent une première étape vers la succession, devraient occuper les sièges vides au sein du présidium du politbureau du comité central», déclare à l'AFP le professeur Kim Yong-Hyun de l'université Dongguk de Séoul.

L'organe suprême du parti ne compte actuellement qu'un seul membre, Kim Jong-Il. Les quatre autres membres nommés en 1980, dont Kim Il-Sung, ancien dirigeant et père de l'actuel leader, sont morts.

Selon le professeur Yang Moo-Jin de l'université de Séoul spécialisée dans les études nord-coréennes, la réunion du parti devrait durer trois jours et poser les fondations de la succession, la deuxième de père en fils depuis 1945.

Plusieurs personnes pourraient par ailleurs être nommées au comité central qui compte environ 60 membres contre 90 à l'origine.

La visite en août de Kim Jong-Il en Chine, accompagné de Jong-Un, a été interprétée par plusieurs analystes comme un voyage de préparation à la succession. Lors d'une rencontre avec le président chinois Hu Jintao, Kim avait souligné le besoin de se préparer à «la génération montante».

Mais «la population du pays n'est pas intéressée par un transfert du pouvoir du père au fils», affirme Lee Seung-Yong, responsable du groupe Good friends, association sud-coréenne qui a des contacts en Corée du Nord. «Ils pensent que leurs conditions de vie ne s'amélioreront pas, même si le fils hérite».

Plusieurs hauts dirigeants nord-coréens sont également dubitatifs en raison du jeune âge et du manque d'expérience de l'héritier présomptif, selon M. Lee.

Kim Jong-Il dirige le pays depuis 1994, année de la mort de son père. Il a été victime d'une attaque cérébrale en août 2008 et semble avoir accéléré ses plans de succession depuis.

Jong-Un pourrait ne pas rejoindre l'organe suprême du parti avant 2012, année du centenaire de la naissance de Kim Il-Sung et qui devrait voir la Corée du Nord devenir «une nation formidable, puissante et prospère», selon Kim Jong-Il.

La Corée du Nord est l'un des derniers pays communistes du monde. Elle poursuit un programme nucléaire vivement critiqué par la communauté internationale.

Décimé par une terrible famine dans les années 1990, le pays est confronté à une crise alimentaire chronique.

Selon le professeur Yang, le nouveau comité central du parti pourrait annoncer des mesures pour stimuler l'économie après le voyage de Kim Jong-Il en Chine. «Le Nord pourrait annoncer de nouveaux développements économiques visant à attirer des investissements étrangers».

Le professeur Kim s'attend aussi à des annonces de coopération économique avec Pékin.