Le premier ministre travailliste australien Julia Gillard a obtenu une courte majorité au Parlement après le ralliement mardi d'un dernier député indépendant à l'issue d'élections législatives qui n'avaient pu départager travaillistes et conservateurs.

La première femme à occuper le poste de premier ministre d'Australie, nommée à ce poste il y a un peu plus de deux mois après une fronde contre l'ancien chef des travaillistes Kevin Rudd, a obtenu le soutien décisif de deux députés indépendants après deux longues semaines de tractations.

Mme Gillard, 48 ans, va à présent former un gouvernement de coalition.

Avec le ralliement du dernier député indépendant Rob Oakeshott, Mme Gillard totalise 76 députés, soit une majorité fragile d'un seul siège au Parlement qui compte 150 députés.

«Le parti travailliste est prêt à gouverner», a déclaré une Julia Gillard souriante devant les journalistes.

«Etant donné ce vote très serré, je pense que le peuple australien attend de nous que nous trouvions un terrain commun dans l'intérêt national», a-t-elle ajouté.

«Je donnerai ma confiance et mon soutien au gouvernement, et donc à Julia Gillard», avait déclaré plus tôt Rob Oakeshott, le dernier des trois députés indépendants à se prononcer.

«À moins que, et j'insiste bien là dessus, que des circonstances exceptionnelles me fassent changer d'avis», a ajouté M. Oakeshott, soulignant ainsi la fragilité de cette majorité et mettant ainsi en garde les travaillistes.

«C'est un peu comme un match de football australien qui se joue sur un seul point. Le perdant est malchanceux et le vainqueur a beaucoup de chance», a commenté John Warhurst, analyste politique à l'Université d'Australie, en notant l'issue très serrée des négociations.

«La balance aurait pu pencher d'un côté comme de l'autre, même à la toute fin des discussions», a-t-il ajouté.

Un des trois députés indépendants avait indiqué mardi matin qu'il soutenait l'opposition conservatrice.

Les deux autres députés indépendants ont dit avoir choisi le «Labor» comme étant la formation la plus à même de former un gouvernement stable. Ils ont par ailleurs apporté leur soutien au projet de réseau national à haut débit voulu par les travaillistes.

Arrivée aux commandes en juin, Mme Gillard, alors dotée d'une très forte cote de popularité, avait convoqué des élections anticipées pour demander «la confiance» des Australiens.

Mais, fin août, elle avait été incapable de transformer dans les urnes son avance dans les sondages, semblant payer l'éviction brusque et mal comprise de M. Rudd.

Selon des analystes, elle a également fait les frais de déclarations impopulaires sur une taxe sur les super-profits miniers et d'un recul dans ses propositions pour lutter contre le réchauffement climatique.

Vice-premier ministre du gouvernement Rudd depuis 2007, Mme Gillard, femme à la crinière rousse, d'origine galloise, s'est révélée être l'un des ministres les plus efficaces.

Durant la campagne, elle avait mis en avant la réussite économique du gouvernement travailliste, l'Australie ayant été la seule économie développée à éviter la récession durant la crise.

Elle a également promis de poursuivre les investissements dans les infrastructures, notamment dans un vaste réseau à haut débit, ainsi que dans des projets de santé et d'éducation.