La Corée du Nord est l'une des sociétés les plus secrètes de la planète, mais elle n'arrive pas à faire taire les rumeurs persistantes. À la veille de l'ouverture de la conférence du Parti des travailleurs à Pyongyang, hier, les spéculations sur l'avenir politique du fils cadet du dirigeant Kim Jong-il allaient bon train.

«Ça fait très longtemps qu'une telle réunion au plus haut sommet n'a pas eu lieu. On ne sait pas trop à quoi s'attendre. Mais la plupart des analystes s'attendent à une action destinée à amener le fils plus près du pouvoir», explique Andre Schmid, directeur du Centre d'études sur la Corée de l'Université de Toronto.

Quelques heures avant l'ouverture de la réunion, Kim Jong-un a été promu au rang de «général quatre étoiles», selon les médias officiels nord-coréens.

L'appui de l'armée est jugé essentiel pour diriger le pays. «L'armée contrôle bien les choses. Et il y a beaucoup d'intérêt à ce que les choses demeurent comme elles sont», note Gérard Hervouet, de l'Institut des hautes études internationales de l'Université Laval.

S'il remplace son père à la tête du pays, le plus grand défi qui attend Kim Jong-un sera d'établir sa légitimité auprès de l'armée, estime le professeur Schmid.

Kim Jong-un, âgé de 26 ou 27 ans, pourrait compter sur l'aide de son oncle, vice-président de la Commission de défense nationale. Chang Song-taek, beau-frère du leader, pourrait devenir son tuteur. «C'est comme un apprentissage presque officiel du pouvoir, qui peut durer des années. Ça a aussi été le cheminement du père, rappelle M.Schmid. Il n'a pas été mis au pouvoir tout de suite.»

D'autres spécialistes ont suggéré que la soeur du leader et femme de Chang Song-taek, Kim Kyong-hui, pourrait devenir la régente du jeune homme. Elle a aussi été promue générale quatre étoiles hier.

La dernière conférence du parti s'est tenue en 1980. Le premier président du pays, Kim Il-sung, avait alors confirmé son fils Kim Jong-il à sa succession. Il est devenu «cher leader» à la mort de son père, en 1994.

La santé chancelante du dirigeant, victime d'une attaque cérébrale il y a deux ans, est l'objet d'inquiétudes. «Ça peut être plus rassurant pour la population et pour le contexte régional de clarifier la situation de la succession, de montrer qu'il y a encore un pilote dans l'avion», note le professeur Hervouet.

Le nom de Kim Jong-un a été prononcé par les médias nord-coréens pour la première fois hier. L'âge du jeune homme, qui serait le troisième fils de Kim Jong-il, reste incertain. Il aurait étudié en Suisse. Ses deux frères aînés auraient été écartés du pouvoir. L'un d'eux se serait fait arrêter avec un faux passeport en tentant de se rendre au Disneyland de Tokyo.

-Avec Reuters, Agence France-Presse, Associated Press et BBC.