Le comité norvégien du prix Nobel a annoncé hier dans un communiqué que des 65 pays invités à assister vendredi à la remise du prix Nobel de la paix au dissident chinois Liu Xiaobo, 19 ont décliné l'offre. Ces refus massifs surviennent après que la Chine a annoncé que les pays qui seront à la cérémonie auront à subir des «conséquences». Portrait d'un bras de fer diplomatique en cinq questions.

Q: Qui est Liu Xiaobo?

R: Selon la formulation du comité du prix Nobel qui a décerné en octobre son plus prestigieux prix celui de la paix au dissident chinois, Liu Xiaobo est «une figure de proue de la grande bataille pour les droits de l'homme en Chine». Militant politique, auteur et professeur d'université, M. Liu est connu depuis qu'il a pris part aux manifestations de la place Tiananmen en 1989. L'an dernier, il a été condamné à 11 ans de prison pour avoir participé à l'écriture de la Charte 2008, qui plaidait en faveur d'une démocratie multipartite et du respect des droits de la personne en Chine. Il a été reconnu coupable «d'incitation à la subversion». Il est actuellement derrière les barreaux.

Q: Pourquoi la Chine s'oppose t-elle à la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix?

R: La Chine ne digère pas que le prix Nobel ait été décerné à Liu Xiaobo et y voit une tentative d'enfreindre sa souveraineté. Dans un énoncé diffusé hier, la porte-parole des Affaires étrangères, Jiang Yu, a vertement critiqué le comité. «Le comité a organisé une campagne anti-Chine. Nous sommes contre tous ceux qui font de Liu Xiaobo une cause et qui veulent se mêler des affaires judiciaires de la Chine. Nous ne changerons pas parce que quelques clowns essaient de s'interposer», s'est exclamée la porte-parole.

Q: Qui sont les pays qui boycottent la cérémonie de remise de prix?

R: En plus de la Chine, la Russie, l'Arabie Saoudite, l'Irak, l'Iran, le Kazakhstan, l'Afghanistan, le Pakistan, la Colombie, la Tunisie, la Serbie, le Vietnam, le Venezuela, les Philippines, l'Égypte, le Soudan, l'Ukraine, le Maroc et Cuba ont refusé l'invitation. L'Algérie et le Sri Lanka n'ont pas répondu. Tous les pays occidentaux, dont le Canada, seront présents.

Q: Quelles raisons donnent ces pays pour décliner l'invitation?

R: Les raisons ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre. Plusieurs des nations qui participent au boycottage ont des gouvernements autoritaires qui voient d'un mauvais oeil la consécration d'un dissident emprisonné. Le gouvernement du Kazakhstan, par exemple, a dit regretter que le prix ait été donné «à un criminel». À Cuba, Fidel Castro a accusé le comité d'avoir fait un geste politique en choisissant le dissident chinois. Plusieurs pays n'ont pas donné de raison, mais leurs liens économiques avec la Chine sont bien connus. C'est notamment le cas de l'Irak et de l'Iran, qui ont signé d'importants contrats pétroliers avec la Chine, et de l'Afghanistan, qui reçoit de l'aide de Pékin. Cet incident témoigne de l'influence grandissante de la Chine dans les pays émergents et dans les pays en voie de développement.

Avec l'AFP, la BBC et le New York Times.