Le Japon a annoncé vendredi le rappel prématuré de sa flotte baleinière de l'Antarctique à cause du harcèlement mené par l'association environnementale Sea Shepherd, et reproché à l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Pays-Bas de l'avoir laissé faire sans réagir.

Les militants de cette association basée aux États-Unis poursuivent chaque année les baleiniers nippons à bord de leurs propres navires pour empêcher la capture des cétacés.

Le Japon annonce qu'il ne va pas renoncer à la chasse à la baleine.

Alors que les défenseurs des animaux criaient victoire, les membres du gouvernement nippon ne cachaient pas leur colère après avoir dû se résigner au rappel des navires baleiniers un mois avant la fin de la saison et avec seulement 172 baleines capturées, soit un cinquième de l'objectif prévu.

«Afin d'assurer la sécurité des membres d'équipage et des navires, le gouvernement est contraint de mettre fin à la campagne», a déclaré le ministre de l'Agriculture et de la Pêche, Michihiko Kano.

Le ministre des Affaires étrangères, Seiji Maehara, s'en est pris à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas, accusés de complaisance en autorisant Sea Shepherd à enregistrer ses navires sous leur pavillon ou à utiliser leurs ports.

Il a jugé «extrêmement regrettable que les activités d'obstruction de Sea Shepherd n'aient pas été empêchées» par ces trois pays, dont les ambassadeurs ont été appelés vendredi au ministère des Affaires étrangères. Un responsable leur a «redemandé avec force de prendre des mesures efficaces pour empêcher la répétition des activités d'obstruction de Sea Shepherd».

Le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano, a affirmé que le Japon n'allait pas renoncer à la chasse à la baleine.

«On ne peut qu'être indigné quand on voit que la vie de membres d'équipage a été mise en danger», a-t-il dit. «Nous allons mettre au point des mesures précises pour nous permettre de poursuivre la pêche sans céder au sabotage.»

Le fondateur canadien de Sea Shepherd, Paul Watson, s'est réjoui de cette victoire, mais a averti qu'il allait continuer à être vigilant.

«C'est une bonne nouvelle», a-t-il dit à l'AFP. «Nous nous maintiendrons cependant près des bateaux japonais jusqu'à ce qu'ils retournent vers le nord et que nous soyons sûrs qu'ils quittent le sanctuaire des baleines de l'Antarctique».

Les bateaux japonais capturent chaque année plusieurs centaines de baleines au nom de la «recherche scientifique», une pratique tolérée par la Commission baleinière internationale (CBI) qui interdit la chasse commerciale au cétacé depuis 1986.

L'Australie - qui a saisi en juin la Cour internationale de justice afin d'obliger le Japon à mettre fin à cette chasse - et la Nouvelle-Zélande ont exprimé l'espoir vendredi que Tokyo y renonce définitivement.

Les autorités japonaises affirment que cette pêche fait partie intégrante de la culture nippone.

Selon un militant de l'organisation écologiste Greenpeace, Junichi Sato, la mission a été écourtée en raison des stocks massifs de viande de baleine dans l'archipel, où elle est de moins en moins appréciée.

Patrick Ramage, directeur du Programme international sur les baleines au Fonds international pour la protection des animaux, s'est également félicité de l'arrêt de la campagne.

«C'est certainement une bonne nouvelle pour les baleines et pour tous ceux qui dans le monde les défendent», a-t-il dit.

Selon lui, le gouvernement de centre-gauche arrivé au pouvoir au Japon en 2009 est plus conscient du coût économique et diplomatique des campagnes baleinières et moins dépendant des bureaucrates qui veulent les poursuivre.