La Thaïlande et le Cambodge sont parvenus jeudi à un fragile cessez-le-feu au terme d'une rencontre entre des officiers militaires sur le terrain, promettant notamment de permettre un retour des dizaines de milliers de civils déplacés ces derniers jours.

Au lendemain de l'annulation d'un entretien prévu à Phnom Penh entre les deux ministres de la Défense, deux généraux se sont entretenus sur un barrage avant de convenir d'un cessez-le-feu.

«C'est un accord préliminaire et nous devons attendre de voir comment la situation évolue», a indiqué Panitan Wattanayagorn, porte-parole du gouvernement thaïlandais. «Les troupes thaïlandaises sont confiantes dans le fait que le cessez-le-feu puisse être réellement respecté».

Un communiqué du ministère cambodgien de la Défense précise de son côté que l'accord comprend aussi la création «d'un climat qui permette aux civils de rentrer chez eux» et la réouverture d'un poste-frontière.

Environ 75 000 personnes ont dû fuir les violences et se réfugier dans des abris de fortune, selon les chiffres communiqués par les deux capitales.

«Ils ne devraient pas se battre pour régler le problème. Les deux parties doivent se parler pour que les gens ne soient plus déplacés», a réclamé Chhem Lin, une mère de 8 enfants qui a trouvé refuge dans la petite ville de Samrong, à une quarantaine de kilomètres des combats.

«J'ai si peur», a ajouté cette femme de 46 ans, épouse d'un soldat.

Au total, huit soldats cambodgiens et six thaïlandais ont été tués, auxquels s'ajoute un civil thaïlandais, dans ce conflit frontalier qui couve depuis 2008 et a connu plusieurs crises violentes, dont celle-ci est de très loin la plus importante.

Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir provoqué les affrontements, sans qu'aucune information indépendante sur le sujet ne soit disponible.

Le cessez-le-feu a été précédé de combats qui ont éclaté durant la nuit et ont été qualifiés de «très intenses» par un officier cambodgien joint par l'AFP.

Phnom Penh a indiqué que ces combats, impliquant des tirs de roquette et d'artillerie, s'étaient étendus à proximité de deux villages dont les habitants avaient été évacués. Selon un porte-parole militaire thaïlandais, un soldat a été tué et quatre blessés.

Les deux voisins vont désormais devoir s'atteler à consolider ce fragile cessez-le-feu, qui en principe fige les positions militaires mais n'exclut en rien de nouveaux dérapages.

En tout début de journée, le ministre thaïlandais des Affaires étrangères Kasit Piromya s'est envolé pour Jakarta, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) à laquelle appartiennent les belligérants.

Il devait y rencontrer son homologue indonésien, Marty Natalegawa.

L'ambassadrice américaine à Bangkok, Mme Kristie Kenney, a de son côté rencontré le Premier ministre Abhisit Vejjajiva en enjoignant les voisins à la retenue.

Mercredi soir, la chef de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton avait qualifié le conflit de «très inquiétant», demandant aux belligérants de respecter les consignes du Conseil de sécurité de l'ONU en adoptant un «cessez-le-feu permanent».

Les précédents combats entre les deux voisins, du 4 au 7 février, avaient déjà fait dix morts.

La tension était brusquement montée en 2008 lorsque l'Unesco a classé les ruines du temple de Preah Vihear, qui relèvent de la souveraineté du Cambodge, mais dont la Thaïlande contrôle les principaux accès. Les deux pays revendiquent aussi une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice.