Les Chinois porteurs du virus du sida se voient souvent refusés par les hôpitaux, a rapporté mercredi une agence de l'ONU, évoquant la persistance de discriminations en Chine en dépit de certains progrès.

L'Organisation internationale du travail (OIT) est arrivée à cette conclusion après avoir rencontré une centaine de personnes contaminées par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, et une vingtaine de directeurs d'hôpitaux et de personnels de santé qu'elle cite dans son rapport rendu public mercredi.

Un Chinois de 37 ans porteur du virus du VIH de la province septentrionale du Shaanxi a expliqué à l'OIT avoir eu beaucoup de difficultés à être soigné après la découverte d'une tumeur à l'estomac.

«Chaque hôpital me disait que je devais être opéré immédiatement, mais quand il découvrait que j'étais séropositif, aucun ne voulait plus m'accepter. Ils me demandaient d'aller dans des hôpitaux pour les maladies infectieuses», a-t-il témoigné auprès de l'OIT, principale agence de l'ONU en charge de la politique de lutte contre le sida sur le lieu de travail.

«Un hôpital n'a pas accepté que je sois opéré», a-t-il poursuivi, car «ils m'ont dit que si les autres patients savaient qu'un séropositif était passé par le bloc opératoire, cela nuirait à la réputation de l'hôpital».

Selon les chiffres officiels, la Chine compte au moins 740.000 personnes séropositives -- sur une population de 1,3 milliard d'habitants -- un chiffre que de nombreux experts jugent largement sous-estimé.

En dépit de progrès récents, notamment dans le domaine de la prévention, la discrimination persiste, et elle est liée à deux facteurs, selon l'OIT.

De nombreux établissements hospitaliers généralistes dirigent les séropositifs vers des hôpitaux pour maladies infectieuses. Mais ceux-ci ne peuvent y être admis que pour des traitements spécifiquement liés au sida.

Par ailleurs, les hôpitaux en Chine étant dans l'obligation de réaliser des profits, nombre d'entre eux refusent d'admettre des malades du sida de crainte de faire fuir les autres patients, selon le rapport de l'OIT.

Conscient du problème, le gouvernement chinois veut agir, selon l'OIT, qui appelle par ailleurs la Chine à mettre au point de meilleures règlementations et à favoriser une prise de conscience concernant les droits des malades du sida à l'accès aux soins.