Un kamikaze au volant d'une camionnette piégée a entièrement détruit un commissariat et tué au moins deux policiers mercredi à Peshawar, au Pakistan, les talibans alliés à Al-Qaïda revendiquant là leur quatrième attaque pour venger Oussama Ben Laden.

Au moins 22 personnes ont également été blessées et les secouristes tentaient de localiser quatre à cinq autres victimes sous les décombres.

Les insurgés islamistes avaient juré, le jour même de la mort du chef d'Al-Qaïda il y a plus de trois semaines, d'intensifier leur campagne d'attentats qui a déjà fait près de 4400 morts en moins de quatre ans dans ce pays alliés à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme».

Ils avaient notamment promis de s'attaquer notamment aux forces de sécurité, accusant Islamabad et son armée de complicité dans le raid américain fatal à Ben Laden le 2 mai dans le nord du pays.

A l'aube, «un kamikaze a précipité sa voiture bourrée d'explosifs contre le commissariat du département de la police criminelle (CID) dans le quartier militaire» de Peshawar, dans le nord-ouest, a déclaré à l'AFP Mohammad Ijaz, un officier de la police, assurant que l'immeuble de trois étages avait été entièrement détruit.

«Deux policiers ont été tués», a indiqué à l'AFP Liaqat Ali Khan, le chef de la police de Peshawar, la capitale de la province du Khyber-Pakhtunkhwa, aux portes des zones tribales bastion des talibans et d'Al-Qaïda. La police a également évoqué 22 blessés, neuf au moins étant des policiers, le reste des civils, dont un enfant.

«Les secouristes tentent de localiser d'autres victimes sous les débris de l'immeuble», a expliqué à l'AFP Bashir Ahmad Bilour, ministre provincial sans portefeuille. «Nous pensons qu'il y a encore quatre ou cinq personnes dans les décombres», a indiqué l'officier Ijaz.

Selon ces deux sources, le véhicule piégé, une camionnette, contenait entre 250 et 300 kg d'explosifs et des morceaux de carcasses ont été projetés à près de 300 mètres.

«C'était une explosion extrêmement puissante», a poursuivi Mohammad Ijaz, ajoutant: «A cette heure-ci, il y a d'ordinaire 10 à 15 personnes dans le commissariat».

Le consulat des États-Unis est situé à une centaine de mètres du commissariat, en plein coeur de ce cantonnement de l'armée, un quartier où résident les officiers et leurs familles, censé être placé sous haute sécurité.

Les militaires ont immédiatement bouclé le quartier.

Le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaïda, a revendiqué l'attentat moins de trois heures après.

«Nous allons accélérer le rythme de ces attaques pour venger la mort d'Oussama Ben Laden», a déclaré à l'AFP par téléphone depuis un lieu inconnu Ehsan Ehsanullah, le porte-parole du TTP.

«Ces attaques vont continuer jusqu'à l'arrêt des attaques de drones américains et des opérations de l'armée dans les zones tribales» pakistanaises, a-t-il également promis.

Le TTP avait juré de venger la mort de Ben Laden en intensifiant sa campagne d'attentats --suicide pour la plupart-- qui a déjà fait près de 4400 morts dans tout le pays en moins de quatre ans. A l'été 2007, à l'unisson de Ben Laden en personne, il avait décrété le jihad à Islamabad pour son soutien à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme» depuis fin 2001.

Dans la nuit de dimanche à lundi, quatre à six kamikazes du TTP avaient tué 10 militaires et détruit deux avions dans l'attaque d'une base aéronavale de l'armée à Karachi, la capitale économique du Pakistan, dans le sud. L'armée n'avait réussi à reprendre le contrôle de la base qu'après 17 heures de combat.

Pour venger Ben Laden aussi, le TTP avait revendiqué un double attentat suicide le 13 mai devant un centre d'entraînement de la police à Shabqadar (nord-ouest), avait fait 98 morts, essentiellement des cadets de la police.

Egalement, les talibans avaient revendiqué vendredi un attentat à la bombe visant les voitures de diplomates du consulat des États-Unis à Peshawar, tuant un passant et blessant très légèrement deux Américains. Là aussi en représailles à l'élimination du chef d'Al-Qaïda.