Bangkok, capitale de 12 millions d'habitants, luttait d'arrache-pied samedi pour se protéger des pires inondations dans le royaume depuis des décennies, espérant encore épargner complètement le centre-ville et l'aéroport international.

Les autorités semblaient, pour l'instant, gagner la bataille des eaux alors qu'une immense zone au nord et à l'est de la mégalopole est noyée depuis déjà plusieurs jours, par endroit sous plusieurs mètres d'eau.

«Nous devons essayer de protéger Bangkok, l'aéroport Suvarnabhumi, les zones industrielles et les centres d'évacuation», a déclaré la première ministre, Yingluck Shinawatra.

Des sacs de sable ont été empilés les uns sur les autres le long des canaux et du fleuve Chao Praya, et les autorités ont réussi à combler une brèche dans une digue au nord de la ville, dont l'ouverture jeudi avait provoqué la panique pendant quelques heures, sur fond de déclarations contradictoires des autorités.

Les inondations, les pires depuis des décennies, touchent aujourd'hui un tiers du territoire national, avec un bilan porté samedi à au moins 297 morts.

Quelque 110 000 personnes ont déjà trouvé refuge dans des centres de secours alors que des centaines d'usines et des centaines de milliers d'hectares de récoltes ont été inondés.

«Les gens ont été affectés par les inondations depuis trois mois. Le gouvernement le comprend et tente de drainer l'eau le plus rapidement possible», a assuré Yingluck.

La Chine, le Japon et les États-Unis ont apporté un soutien financier et logistique aux opérations de secours et de prévention.

Les États-Unis ont envoyé un appareil de transport militaire depuis le Japon pour apporter des milliers de sacs de sable et dix soldats, selon l'ambassade américaine. Les médias thaïlandais ont eux indiqué que Washington avait accepté d'envoyer 26 hélicoptères de secours.

Samedi, la situation était normale dans le centre de la capitale, la plupart des grands sites touristiques du pays ainsi qu'à l'aéroport international, dont la paralysie serait catastrophique et qui a été protégé par des murs de plusieurs mètres de haut.

Le pouvoir affirme depuis quelques jours que ce week-end est celui de tous les dangers, avec l'arrivée de grosses masses d'eau du nord du pays face aux grandes marées qui vont ralentir leur évacuation.

«L'eau atteindra son maximum entre le 16 et le 18» octobre, a averti Worapat Tianprasit, du Département royal de l'irrigation, précisant que le niveau de la Chao Praya était monté à 2,27 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit un peu moins que prévu. «Si la marée ne dépasse pas les 2,5 mètres, il n'y aura pas d'inondations», a-t-il estimé.

Les piles de sacs de sable au pied de certains immeubles et les réserves d'eau potable et de nouilles instantanées, en chute libre dans les présentoirs des grands magasins, ont témoigné cette fin de semaine d'une angoisse de plus en plus prégnante.

Et aux abords de la ville, responsables de l'irrigation, militaires et villageois travaillaient de concert pour renforcer encore les dernières protections, a constaté l'AFP.

À quelques mètres de la dernière digue de sacs de sable au nord de Bangkok, près de l'aéroport domestique de Don Mueang, Chalam Khetrum, 72 ans, a vidé le rez-de-chaussée de son domicile pour tout transporter au premier étage. «J'ai confiance en notre capacité à retenir les eaux parce que les soldats sont venus nous aider», a-t-elle expliqué.

Le pays devra plus tard se pencher sur les coûts prohibitifs d'une crise qui par endroit a stoppé la production de plusieurs secteurs clés de son économie. Les experts de l'université de la Chambre thaïlandaise de commerce ont évoqué une facture d'environ 150 milliards de bahts (3,5 milliards d'euros), de 1,3 à 1,5% du PIB.

Les inondations ont également fait près de 250 morts au Cambodge voisin et plus de 40 au Vietnam, où la majorité des victimes sont des enfants.