Les inondations qui menaçaient Bangkok ont épargné son centre-ville samedi et devraient reculer d'ici quelques jours, s'est réjouie la première ministre thaïlandaise, soudainement optimiste après que des dizaines de milliers de résidents eurent fui la capitale en toute hâte.

La mégalopole de 12 millions d'habitants était en alerte maximum pour ce week-end de congés décrété en urgence, face à l'arrivée conjointe de masses d'eau colossales des plaines centrales du pays et de grands coefficients de marée dans le golfe de Thaïlande.

Mais la situation en fin de journée semblait bien meilleure qu'annoncée, avec un centre-ville parfaitement au sec.

«Si tout le monde travaille dur (...), le niveau de l'eau à Bangkok va commencer à baisser la première semaine de novembre», a indiqué Yingluck Shinawatra, après avoir déclaré que les eaux risquaient de noyer la ville pendant un mois.

La situation «va s'améliorer d'ici un jour ou deux», a-t-elle ajouté en demandant à la population d'être «patiente». La marine a de son côté confirmé que la marée avait atteint son maximum samedi.

Le sourire n'était pourtant pas partagé par tout le monde.

Plusieurs districts du nord étaient toujours très inondés, notamment celui de Don Mueang, au nord, où le second aéroport de la ville (vols intérieurs) a été fermé et dont de nombreux habitants ont été évacués. Le Centre de secours (Froc), installé dans l'aéroport, a même dû déménager après avoir été à son tour gagné par les eaux et privé d'électricité.

Certains quartiers à l'ouest du fleuve Chao Phraya suscitaient de fortes inquiétudes, avec parfois jusqu'à un mètre d'eau boueuse.

Pracha Promnog, patron du Froc, a notamment averti les résidents du district de Thon Buri, l'un des plus touchés, que l'eau courante ne serait distribuée que deux fois par jour suite à des problèmes techniques.

La vieille ville, en particulier le quartier chinois, a aussi été sévèrement inondée, forçant les touristes à se promener avec de l'eau jusqu'en haut des cuisses.

Yingluck Shinawatra, qui a pris ses fonctions en août, a été vivement critiquée pour les déclarations contradictoires de son équipe et la plus grande confusion sur l'étendue du désastre.

L'annonce en début de semaine d'un week-end exceptionnel de cinq jours, pour permettre aux habitants de fuir ou de se préparer au pire, a provoqué une ruée vers les cités balnéaires du sud du pays de la part de dizaines de milliers de résidents.

Ceux qui sont restés ont stocké des réserves d'eau, et se sont pour certains équipés en bottes en caoutchouc, gilets de sauvetage et parfois même barques. Les autorités ont laissé entendre que ce week-end pourrait être prolongé de quelques jours.

La saison de mousson, particulièrement abondante, a déjà provoqué la mort d'au moins 381 personnes en Thaïlande. Plusieurs chancelleries ont déconseillé à leurs ressortissants de se rendre à Bangkok, mais l'aéroport international Suvarnabhumi fonctionnait normalement.

La Banque de Thaïlande a annoncé pour sa part une baisse de ses prévisions de croissance de 4,1% à 2,6% pour 2011, soulignant les lourdes pertes notamment pour la production agricole et l'activité manufacturière.