Un an après la triple catastrophe du 11 mars, le Japon panse toujours ses blessures. Mais Kaoru Ishikawa, ambassadeur du Japon au Canada, reste optimiste. La reconstruction suit son cours, le nettoyage aussi. «C'est vrai que ça prend du temps. L'important, c'est qu'on avance. Peu à peu, mais à pas sûrs», dit le diplomate, rencontré dans les bureaux du consulat du Japon à Montréal.

Le défi était titanesque. La terre n'a tremblé que quelques minutes, le 11 mars 2011. Mais le séisme puis le tsunami ont créé l'équivalent de 23 années de déchets. Certains quotidiens japonais estiment que seulement 5% des débris de la catastrophe ont été nettoyés. C'est peu, mais c'est déjà bien, estime M. Ishikawa.

Si les infrastructures détruites ont été rebâties, les défis restent encore nombreux.

«Le grand problème, c'est l'emploi. Il y a des dizaines de maisons et usines qui ont été balayées. Si les grandes entreprises ont pu rouvrir, dans bien des villages de pêcheurs, il faut rebâtir les communautés et recréer l'emploi», souligne M. Ishikawa.

Certes, le Japon a pu compter sur de généreuses aides internationales pour assurer l'après-11 mars.

«On est reconnaissants de recevoir de l'argent. Mais, sans travailler, c'est douloureux.»

D'une voix douce, et dans un français parfait, Kaoru Ishikawa estime toutefois que son pays a bien résisté au choc naturel et à la catastrophe nucléaire. «On aurait pu nous effondrer, mais on ne l'a pas fait», estime-t-il.

Remises en question

Au contraire, après le 11 mars et l'accident nucléaire de Fukushima, les Japonais ont remis en question certaines certitudes. «Comme l'énergie: peut-être que nous pourrions trouver d'autres sources d'énergie, grâce à la science», dit M. Ishikawa. Et d'illustrer: «Cela a éveillé nos anciennes philosophies. Ce qui est important, c'est l'équilibre entre la science et l'homme. Nous dépendons de la technologie, nous n'avons pas de ressources naturelles. Dame Nature nous a réveillés. Il faut revenir à la science et à la technologie.»

Au fil des derniers mois, les touristes sont revenus, mais les Canadiens restent hésitants. «Dès qu'on pense à la province de Fukushima, on pense à la centrale. Mais Fukushima, c'est aussi l'agriculture, la pêche, le tourisme», dit-il.

Tokyo aussi va mieux et reste toujours la ville totalisant le plus d'étoiles Michelin du monde.

«Les tremblements de terre font partie de notre vie. Et c'est pour ça qu'on est prêts, et qu'aucun bâtiment n'est tombé à Tokyo», dit-il.

Alors oui, la reconstruction est loin d'être achevée et les cicatrices et traumatismes sont toujours vivants.

«Au Japon, on dit que même un chemin de 1000 milles doit commencer par un pas. Un jour, on y arrivera.»

 

Photo: AP

Le même quartier résidentiel de Kesennuma que sur la photo du haut, photographié il y a deux semaines.