Le lancement de la fusée Unha-3 de la Corée du Nord s'est soldé par un échec, selon les rapports préliminaires du Japon et des États-Unis. Le missile a explosé peu après son lancement et s'est écrasé dans la mer.

Le test balistique - présenté comme une tentative de mettre un satellite en orbite par l'État stalinien - remet toutefois en question les dernières négociations sur le programme nucléaire nord-coréen. Le 29 février, les États-Unis ont annoncé une entente selon laquelle la Corée du Nord suspendrait son programme nucléaire et accueillerait des inspecteurs internationaux, en échange d'une aide alimentaire substantielle. L'annonce du lancement d'Unha-3, le 16 mars, a tout remis en question.

Le lancement a eu lieu dans le cadre du 100e anniversaire de naissance de Kim Il-sung, fondateur de la Corée du Nord. Mort en 1994, il est le grand-père du président actuel du pays, Kim Jong-un, qui vient d'accéder au pouvoir après la mort de son père, Kim Jong-il, en décembre dernier.

L'ONU en alerte

Une résolution de l'ONU interdit à la Corée du Nord de tester des missiles intercontinentaux. La Corée du Nord a fait deux autres lancements similaires en 1998 et en 2009 et affirme avoir mis des satellites en orbite. Mais aucun pays n'a trouvé la trace de ces deux satellites. Pour le moment, les missiles nord-coréens ne peuvent se rendre qu'en Alaska. Deux tests nucléaires menés par la Corée du Nord, en 2006 et en 2009, ajoutent à la menace. CNN rapporte que le Conseil de sécurité se réunira aujourd'hui pour discuter du lancement.

«Les États-Unis ont reçu des oeufs en plein visage», estime le politologue ontarien Erich Weingartner, qui s'est rendu à plusieurs reprises en Corée du Nord depuis 20 ans dans le cadre de missions humanitaires. «Ils auraient dû savoir que la Corée du Nord ferait ce lancement pour l'anniversaire de Kim Il-sung. Évidemment, il pourrait s'agir d'un piège des négociateurs nord-coréens pour faire perdre la face aux Américains.»

M. Weingartner souligne par contre que les deux premiers tests de missiles intercontinentaux ont suivi des trajectoires compatibles avec un lancement de satellite. «Et des analyses montrent que la tour de la nouvelle base utilisée, près de la mer Jaune, est beaucoup trop haute pour les missiles», dit-il.

«Ça semble faire partie d'un programme de prestige national. Mais vu le goût des Nord-Coréens pour les subterfuges, il est aussi possible qu'ils aient tout simplement brouillé les pistes et qu'ils ne veuillent pas vraiment lancer un satellite, mais faire un test balistique.»