La chef de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a rencontré dimanche des ONG à Bergen, dans la région des fjords norvégiens, pour discuter de l'avenir de son pays engagé sur la voie de la démocratie, et notamment de la gestion des vastes ressources du pays.

Sa tournée, la première en Europe depuis 24 ans, a été marquée samedi à Oslo par son discours d'acceptation du Nobel de la paix qu'elle n'avait pas pu recevoir en personne lorsqu'il lui a été décerné en 1991.

À Bergen, Mme Suu Kyi s'est entretenue avec les membres de la fondation Rafto, une organisation de lutte pour la défense des droits de l'Homme qui lui avait attribué son prix annuel en 1990.

«Elle a été l'une de nos plus importantes sources d'inspiration», a dit à l'AFP la directrice générale de la fondation, Therese Jebsen.

Mme Suu Kyi, qui voyage avec son fils Kim, est arrivée en début d'après-midi à Bergen, ville côtière de l'ouest de la Norvège aux maisons en bois multicolores et porte d'entrée des fjords, où siège la fondation Rafto.

Lors d'entretiens à huis clos dans les locaux de la fondation, Aung San Suu Kyi a rencontré des représentants d'organisations non gouvernementales et d'une école de commerce.

Ses interlocuteurs norvégiens ont souhaité discuter de la meilleure manière d'aider au développement de la Birmanie, appauvrie par la dictature militaire, au moment où elle s'ouvre au monde, a rapporté Mme Jebsen.

Ils ont notamment évoqué, parmi les sujets d'inquiétude, la gestion, par le gouvernement, des vastes ressources naturelles du pays, en particulier le pétrole et le gaz, se demandant comment en faire bénéficier la population.

Les réformes politiques engagées en Birmanie, de la libération de centaines de prisonniers politiques à la réintégration du parti de Mme Suu Kyi dans le jeu politique, ont entraîné l'Occident à lever ou suspendre les sanctions qui frappent le pays.

Certains craignent maintenant que des investisseurs peu scrupuleux ne tirent profit des richesses birmanes.

Pour Mme Jebsen la Norvège, l'une des rares démocraties parmi les pays grands producteurs de pétrole, pourrait dispenser des conseils, notamment pratiques, pour aider la Birmanie à «gérer (ses) ressources d'une manière démocratique».

Dimanche matin à Oslo, la «Dame de Rangoun» a rencontré le ministre norvégien des Affaires étrangères, Jonas Gahr Stoere.

«Ils ont parlé de l'avenir de la Birmanie et de la manière de sécuriser l'effort de réforme (...) l'objectif est de rendre les progrès irréversibles», a déclaré le porte-parole du ministère, Svein Michelsen.

La Norvège a une longue tradition d'aide à l'opposition pro-démocratique birmane. Elle mène une initiative visant à aider les groupes ethniques rebelles ayant signé un cessez-le-feu avec le pouvoir.

Après ses entretiens à la fondation Rafto, Aung San Suu Kyi a rencontré la communauté birmane de Bergen, la deuxième ville de Norvège. Elle les a appelés à rester unis, par-delà leurs différences ethniques.

«Chaque fois que je rencontre des Birmans, je leur dis de rester unis, surtout quand je les vois dans d'autres pays», leur a-t-elle dit. «Nous devons penser à nos enfants, à l'avenir de nos enfants».

Elle a aussi lancé un appel à l'apaisement après les récents affrontements mortels entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane dans l'ouest du pays. «Nous devons vraiment calmer cela. Nous devons éviter de dire et de faire des choses qui aggraveraient le problème», a-t-elle mis en garde.

Mme Suu Kyi devait regagner la capitale norvégienne dans la soirée avant de participer lundi matin au Forum d'Oslo, une réunion annuelle consacrée aux conflits et processus de paix dans le monde qui aura pour thème «Le rôle du dialogue dans la transition birmane».

Elle quittera lundi en début d'après-midi la Norvège pour l'Irlande, troisième étape de sa tournée européenne avant la Grande-Bretagne puis la France.