(La Havane) Au moins 33 participants aux manifestations historiques du 11 juillet à Cuba seront jugés cette semaine pour « sédition » devant un tribunal de La Havane, dont six âgés de moins de 18 ans, a indiqué lundi le groupe Justicia 11J.

D’ici le 7 février, sera organisé « le procès des manifestants du Toyo. 33 personnes seront jugées pour le délit de sédition, dont six mineurs », a informé sur Facebook le groupe, qui assure un suivi de toutes les affaires liées aux mobilisations de juillet.

Toyo est le nom d’une boulangerie du quartier du 10 de Octubre, devant laquelle des échauffourées avaient eu lieu le 11 juillet entre partisans et opposants du gouvernement. Des véhicules avaient été endommagés et la chaussée recouverte de pierres et de bouteilles.

Selon l’ONG de défense des droits humains Cubalex, pendant que se tenait la première audience lundi, des femmes ont été arrêtées près du tribunal « avec violence : mères, tantes, sœurs, grands-mères » des manifestants jugés.

Plusieurs militants ont également été interpellés et les communications internet ont été coupées « dans les environs du tribunal » situé dans le quartier du 10 de Octubre, a indiqué l’ONG sur Twitter.

Ces derniers jours, la justice cubaine a reconnu pour la première fois que plus de 700 manifestants étaient poursuivis – dont 55 âgés de 15 à 18 ans – et que 172 autres avaient déjà été condamnés, en assurant que « le droit à la défense a été garanti et les avocats ont apporté des preuves ».

Selon Cubalex, 158 d’entre eux ont été inculpés de sédition. Certains ont écopé de 20 ou 30 ans de prison.

À Cuba, la majorité s’acquiert à 18 ans, mais la responsabilité pénale et l’obligation du service militaire s’appliquent dès 16 ans.

Aux cris de « Liberté » et « Nous avons faim », des milliers de Cubains avaient manifesté le 11 juillet. Ces rassemblements, inédits depuis la révolution de 1959, avaient fait un mort et des dizaines de blessés, et 1377 personnes ont été arrêtées selon l’ONG Cubalex.

La télévision cubaine avait diffusé vendredi les témoignages de trois proches des manifestants poursuivis.

« Moi, en tant que mère, je demande pardon pour son erreur, [mon fils] l’a dit publiquement et m’a dit aussi à moi de l’excuser, et je demande pardon au pays et à tous les médias, c’est quelque chose qu’il a commis sans savoir dans quoi il s’impliquait », a notamment témoigné, la voix brisée par l’émotion, Eudanis Campos Ramirez, selon les images diffusées au journal télévisé.

Le gouvernement cubain affirme que ces manifestations étaient orchestrées depuis les États-Unis.