(La Havane) Une trentaine de membres des familles des manifestants emprisonnés à Cuba ont demandé vendredi au Parlement cubain d’approuver une loi d’amnistie pour permettre la libération de leurs proches.

Selon les chiffres officiels, quelque 500 Cubains ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 25 ans de prison pour avoir participé aux manifestations antigouvernementales des 11 et 12 juillet 2021, mais des ONG et l’ambassade des États-Unis sur l’île estiment qu’ils sont plus nombreux, jusqu’à un millier.

Des milliers de personnes étaient descendues dans la rue à travers le pays aux cris de « Liberté », « Nous avons faim ».  

Wilber Aguilera Bravo, dont le fils a été condamné à 12 ans de prison, a remis une lettre au Parlement vendredi dans laquelle les proches des manifestants demandent à l’institution de « lance(r) les procédures […] afin qu’une loi d’amnistie puisse être adoptée ».

« Cela signifie qu’il faut reconnaître qu’il n’y a pas eu de crime dans le fait de manifester la volonté de changement démocratique exprimée par les citoyens », indique la lettre dont l’AFP a eu copie.  

Les signataires, initialement 36 personnes, soulignent qu’ils « souffrent de persécution et de harcèlement » de la part des services de sécurité de l’État et de la police, pour les « punir de défendre » leurs proches emprisonnés.  

Les familles de manifestants emprisonnés dénoncent régulièrement la surveillance policière et les détentions provisoires dont ils font l’objet.  

« Notre droit d’association et de réunion pacifique, ainsi que le droit à la liberté d’expression, sont entravés » par « des arrestations arbitraires, des interrogatoires, des procédures d’enquête criminelle, des lettres d’avertissement, des méthodes de surveillance systématique et des violations de la liberté de mouvement », ajoute le document.

Les signataires soulignent qu’ils continueront à « défendre ceux qui n’auraient pas dû passer un seul jour en prison ».

La Commission interaméricaine des droits de l’homme a adressé début janvier une lettre au ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, pour rappeler au gouvernement cubain qu’il dispose de plusieurs voies légales pour libérer les prisonniers politiques.

Parmi ces voies légales figurent l’amnistie, la grâce, la liberté conditionnelle, des peines alternatives à la prison, souligne l’Observatoire cubain des droits humains, une ONG basée à Madrid.

Les États-Unis, l’Église catholique et l’Union européenne ont appelé à plusieurs reprises à la libération des manifestants emprisonnés.