(Port-au-Prince) Six religieuses et deux autres personnes enlevées vendredi dernier à Port-au-Prince ont été relâchées, a-t-on appris jeudi auprès de l’archevêché de la capitale d’Haïti, où les rapts se multiplient ces dernières semaines.

« L’Archidiocèse de Port-au-Prince rend grâce au Seigneur pour la libération des six religieuses et des autres personnes qui ont été enlevées avec elles le 19 janvier », explique une note de l’archevêché transmise jeudi à l’AFP.

Leur enlèvement, survenu dans un contexte de recrudescence des kidnappings dans ce petit pays pauvre des Caraïbes, avait été annoncé par la Conférence haïtienne des religieux (CHR).

Selon un responsable de l’organisation joint par l’AFP, les religieuses ont été enlevées alors qu’elles se rendaient dans les différents établissements scolaires au sein desquels elles travaillent. Un chauffeur et une jeune fille qui les accompagnaient avaient été kidnappés en même temps, a précisé la CHR dans un communiqué.

Le pape François avait appelé dimanche à leur libération et dit prier « pour l’harmonie sociale dans le pays ».

« J’invite tout le monde à arrêter la violence qui cause tant de souffrances à cette chère population », avait ajouté le souverain pontife.

L’archevêché n’a pas précisé si une rançon avait été versée.

Les enlèvements d’inconnus et de personnalités se multiplient depuis plusieurs semaines à Port-au-Prince et sur certaines routes nationales, alors que le pays est en proie à la violence des gangs, qui contrôlaient l’an dernier environ 80 % de la capitale.

La CHR a fait part de sa « joie » après les dernières libérations, mais souligne qu’elle ne sera « totale » que si « toutes les familles qui pleurent l’enlèvement d’un proche pouvaient être avec nous ».

Face à une profonde crise économique, sécuritaire et politique, le Conseil de sécurité de l’ONU a donné en octobre son accord pour l’envoi en Haïti d’une mission multinationale menée par le Kenya afin d’aider la police haïtienne dépassée.

Le parlement kényan a approuvé en novembre le déploiement de 1000 policiers, mais la mission reste suspendue à une décision de la Haute cour de Nairobi attendue vendredi.

Le ministre haïtien des Affaires étrangères Jean Victor Généus a tiré la sonnette d’alarme jeudi devant le Conseil de sécurité de l’ONU, déclarant que « le peuple haïtien n’en peut plus » face à la « barbarie » des gangs armés, similaire à ce que vivent des zones de guerre « qui émeuvent le monde ».

Selon le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU « consterné » par le « niveau stupéfiant » de la violence des gangs, le nombre d’homicides a plus que doublé en 2023 par rapport à 2022, avec près de 5000 morts, dont plus de 2700 civils.