Et c’est parti ! La très longue course à la Maison-Blanche est officiellement lancée depuis que les électeurs républicains du petit État de l’Iowa se sont réunis en caucus pour choisir leur candidat favori lundi. Et leur préférence est claire. Très claire.

Donald Trump, qui n’avait pas été sur un bulletin de vote depuis sa défaite électorale de 2020 contre Joe Biden, a été le roi de la soirée. Le tsar. Le sultan. Au moment où ces lignes étaient écrites, il avait récolté plus de 50 % des appuis. Un balayage dans les circonstances !

Ses plus proches rivaux, l’ex-ambassadrice aux Nations unies Nikki Haley, et le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, ont obtenu un cinquième des votes chacun. Assez pour rester dans la course, mais surtout pour se positionner comme la meilleure roue de secours advenant un accident de parcours du principal coureur.

Le contraste avec la même soirée en Iowa en 2016 est marquant. Lors de sa première course à l’investiture républicaine, Donald Trump était arrivé deuxième dans l’État du Midwest, derrière le sénateur texan, Ted Cruz.

À l’époque, la vedette de téléréalité – que peu de gens croyaient capable de représenter le Parti républicain et encore moins de remporter l’élection présidentielle – avait agi en gentleman. Il avait félicité le gagnant, qui l’avait battu par quatre points, et remercié les électeurs.

Ce moment de courtoisie avait été de courte durée. Deux jours plus tard, le candidat Trump a accusé le politicien texan d’avoir triché. Il a même poussé l’audace jusqu’à demander l’annulation des résultats.

C’était le début du marathon et déjà, Donald Trump pavait son chemin politique de mensonges et de mauvaise foi. C’était de bien mauvais augure pour la suite.

Et nous voici huit ans plus tard. Depuis, Donald Trump a été président. Une présidence chaotique au cours de laquelle il a fait exploser les ponts avec ses plus proches collaborateurs tout comme avec les principaux alliés des États-Unis, en plus de faire l’objet d’une première procédure de destitution pour abus de pouvoir, dans une affaire qui impliquait le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

PHOTO EVELYN HOCKSTEIN, REUTERS

Donald Trump, peu après avoir remporté les caucus de l’Iowa

Battu aux élections de 2020, Donald Trump a tout fait pour s’accrocher au pouvoir, mentant à qui mieux mieux, tordant des bras, faisant avaler des couleuvres à son parti, bloquant le processus de transition. Il a fait l’objet d’une seconde procédure de destitution, une semaine avant de quitter le pouvoir, pour avoir appelé à l’insurrection en amont de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

Depuis qu’il a fait ses au revoir au bureau Ovale, l’homme d’affaires est dans la ligne de mire de la justice américaine, qui multiplie les procès contre lui et fait pleuvoir les accusations criminelles, civiles, sur la scène fédérale comme au niveau des États.

Et malgré tout cela, les électeurs républicains de l’Iowa qui ont bravé le froid pour faire entendre leur voix lundi soir ont été deux fois plus nombreux qu’en 2016 à lui accorder leur confiance. Deux fois plus.

Pourquoi ? Le candidat Trump est passablement le même qu’en 2016. Il ridiculise ses rivaux politiques, il lance des énoncés faux et alarmistes à l’endroit des immigrants qui arrivent aux États-Unis, il accuse Joe Biden de tous les maux. Il promet le retour en grand d’un pays parfait qui n’a jamais existé.

Non, Donald Trump n’a pas changé, mais les membres de l’électorat républicain en Iowa, eux, oui. Si 40 % d’entre eux se disaient très conservateurs en 2016, ils sont maintenant 54 % à s’identifier de la sorte, selon un récent sondage.

Parmi ceux qui se sont déplacés aux caucus, 62 % estiment que Joe Biden a volé l’élection de 2020. Ils sont à peu près le même nombre à penser que Donald Trump n’a rien fait de mal et que les procédures judiciaires qui pèsent contre lui ne sont qu’une machination politique de l’élite démocrate.

Et il est là, le mauvais présage de l’Iowa. Pas dans les résultats des caucus qui, dans l’ensemble de l’investiture républicaine, compteront autant qu’un seul grain de maïs dans un pâté chinois, mais bien dans la démonstration irréfutable de l’impact que huit ans de « faits alternatifs » ont eu sur l’électorat conservateur américain.