Sa voix n'a pas encore mué. Il est haut comme trois pommes. Pourtant, Alfie Patten est un nouveau père. Sa copine, Chantelle Steadman, 15 ans, a donné naissance à la petite Maisie le 9 février dernier à Eastbourne, au sud-est de Londres.

Bien que la grossesse a été accidentelle, le jeune couple a affirmé au tabloïd The Sun qu'il avait décidé de garder l'enfant en secret.

 

«Je pensais que ce serait bien d'avoir un bébé», a déclaré le garçon. Leurs parents ont découvert le pot aux roses après trois mois de grossesse.

Interrogé sur ses moyens financiers pour faire vivre l'enfant, il ne comprend pas la question. «Que veut dire «financièrement?» À côté de lui, Chantelle pouffe de rire.

«Je n'y ai pas réfléchi, finit-il par répondre. Je ne reçois pas vraiment d'argent de poche. Mon père me donne parfois 10 livres sterling.»

La petite famille habite avec les parents et les cinq frères de Chantelle, tous sur l'aide sociale.

Un pédiatre s'est étonné de la capacité du garçon pré-pubère à concevoir un enfant. «Il n'y a pas de corrélation directe entre les différents signes et stades de la puberté. Mais ce cas n'est pas courant», a affirmé Martin Ward Platt de l'hôpital Royal Victoria au quotidien The Times.

Dimanche dernier, coup de théâtre: deux garçons du voisinage, âgés de 14 et 16 ans, revendiquent la paternité de la petite Maisie.

La famille d'Alfie ne s'exprime plus que par la bouche de Max Clifford, célèbre relationniste des vedettes de journaux à potins. Il a affirmé hier qu'Alfie passera certainement un test de paternité.

Sévices contre les enfants

Peu importe s'il est le père ou non, l'histoire d'Alfie a choqué la Grande-Bretagne.

La presse britannique s'est scandalisée de son sort, le dépeignant comme une victime de parents dépourvus de valeurs morales. «Permettre à un garçon de 13 ans de devenir père relève des sévices contre les enfants», a écrit en éditorial le Times.

Le chef de l'opposition, le conservateur David Cameron, en a profité pour reprendre son leitmotiv sur la «société brisée», une flèche contre le gouvernement travailliste. «Quand, en Grande-Bretagne, les enfants se mettent à avoir des enfants, il y a de quoi devenir inquiet», a-t-il dit.

Ce à quoi le premier ministre Gordon Brown a répliqué: «Je ne connais pas les détails de ce cas, mais nous continuerons à lutter pour la prévention des grossesses chez les adolescentes.»

Car plus d'adolescentes tombent enceintes en Grande-Bretagne qu'ailleurs en Europe de l'Ouest. Le taux est de huit filles de moins de 16 ans sur mille. Chez les garçons, il y a eu plus de 40 cas de pères âgés de moins de 14 ans dans la dernière décennie.

Le problème? Une pudeur face à la question sexuelle digne de l'époque victorienne, selon Tony Kerridge, porte-parole d'un réseau de cliniques sexuelles.

D'ailleurs, le père d'Alfie, Dennis Patten, lui-même père de neuf enfants, a avoué ne pas en avoir discuté avec lui.

«Le programme d'éducation sexuelle dans les écoles est trop timide, dit Tony Kerridge. Le sexe est partout dans les médias mais personne n'en discute avec les enfants. Il faut que ça change, sinon nous aurons beaucoup d'autres Alfie.»