Quelqu'un a-t-il encore peur de la grippe A (H1N1) en Grande-Bretagne? Sur un populaire site de discussion parental, mumsnet.com, des mères ont suggéré à la légère de tenir des «fêtes de grippe A». L'idée? Faire en sorte que leurs enfants contractent le virus maintenant afin de renforcer leur système immunitaire. Et, surtout, avant que la grippe ne devienne trop virulente.

Certains parents britanniques ont effectivement lancé cette idée, bien que leurs échanges sur le forum de discussion avaient une touche d'humour, proposant entre autres d'apporter du jambon et d'autres produits dérivés du porc.

 

La fondatrice du site mumsnet.com, Justine Roberts, n'a pu confirmer si de telles fêtes avaient bien eu lieu. «Plusieurs parents constatent de façon rationnelle que leurs enfants ont avantage à attraper le virus avant qu'il ne devienne plus virulent l'hiver prochain», a-t-elle affirmé au Daily Mail.

À la suite de ces rumeurs, l'expert en santé publique Richard Jarvis a rapidement prévenu que cette stratégie pouvait saper les efforts des autorités à contenir l'épidémie. Il serait plus sage de ne pas anticiper l'évolution du virus et d'attendre l'arrivée d'un vaccin, selon lui.

«La grippe porcine est une maladie sérieuse qui peut assommer les adultes pendant plusieurs jours et provoquer des complications graves, comme la pneumonie. Les gens veulent-ils vraiment exposer leurs enfants à ça? Le risque n'en vaut pas la peine», écrit le docteur dans The Independent.

Cent mille cas par jour

En Grande-Bretagne, seulement sept personnes sont mortes depuis l'apparition du virus. Hier, trois personnes, dont deux enfants, sont décédées à Londres et dans le Yorkshire. Elles souffraient déjà de problèmes de santé.

Près de 8000 individus sont atteints au pays. Des experts en épidémiologie prédisent que 100 000 Britanniques par jour pourraient contracter le virus vers la fin du mois d'août.

Pourtant, le ton a dramatiquement changé depuis le mois d'avril. Lorsque les premiers malades se sont confirmés, le chef de la santé publique, Sir Liam Donaldson, avait avancé des chiffres catastrophiques: 750 000 décès, dans le cas d'une pandémie. Les écoles touchées étaient systématiquement fermées.

Préparé au pire, le gouvernement britannique avait augmenté ses réserves d'antiviraux pour traiter 80% de la population.

Aujourd'hui, la santé publique parle d'une «maladie mineure» et de courte durée pour la majorité du grand public. Depuis le 2 juillet, la Grande-Bretagne a diminué ses mesures de précaution. Les écoles resteront ouvertes et les personnes ayant été en contact avec le virus ne recevront plus le Tamiflu à titre préventif. Les malades sont avisés de rester à la maison au lieu d'aller à l'hôpital.

Toutefois, ce n'est pas une raison pour tenir des «fêtes» pour les petits, comme des parents l'ont fait pendant des générations avec la varicelle, ont martelé les sommités en santé publique.

«Les parents ne se pardonneraient jamais d'exposer un enfant vulnérable à une maladie sérieuse, a affirmé Sir Donaldson à The Independent. La vigilance est de mise.»