L'apparition historique du chef du parti d'extrême droite BNP à la BBC a provoqué des scènes de colère dans les rues de Londres hier. La récente élection-surprise de deux membres au Parlement européen justifiait sa présence, selon la BBC. Qui se cache derrière le bouc émissaire préféré des médias britanniques?

«Brûlez-le au bûcher avec les autres nazis!»

Des centaines de manifestants hurlaient leur colère hier devant les bureaux de la BBC. La cible de leur haine? Nick Griffin, l'homme le plus controversé de la Grande-Bretagne.

 

La participation du chef du British National Party à un débat télévisé hier a suscité un tollé d'une rare ampleur au pays. C'est la première fois qu'un politicien d'extrême droite, raciste et négationniste de l'Holocauste, est invité à Question Time, une populaire émission d'affaires publiques.

Nick Griffin a finalement eu droit à un lynchage de la part des autres invités politiques et du jeune public présent à l'enregistrement. En fin de compte, il a dit très peu, niant plusieurs de ses déclarations incendiaires citées dans les médias.

La polémique s'était intensifiée la semaine dernière lorsqu'un ministre du cabinet de Gordon Brown, Peter Hain, a brandi la menace d'une poursuite judiciaire contre la BBC. Le BNP privilégie le recrutement de candidats de race blanche, une manoeuvre jugée discriminatoire par la justice britannique.

«Sa charte étant inconstitutionnelle, le parti est illégal», a-t-il conclu dans une lettre au directeur de la BBC, Mark Thompson.

La chaîne publique a rétorqué qu'elle agissait dans l'intérêt public, le BNP ayant remporté 6% des votes et deux sièges aux élections européennes de juin.

Ce n'était pas l'avis du manifestant Charlie Hore, 54 ans, furieux que «son argent» soit utilisé pour ce «coup de publicité». «Nous payons pour tout ce qui se passe là-dedans, dit le travailleur humanitaire en pointant les bureaux de la télévision d'État. Il y a des limites à la liberté d'expression. Nick Griffin est un homme dangereux.»

Raciste et populiste

Les positions extrémistes de Nick Griffin ont pris racine dès sa jeunesse. À 15 ans, il avait déjà lu Mein Kampf d'Hitler et assistait à sa première réunion du Front national britannique, l'ancêtre du BNP.

Nick Griffin fonde les jeunesses du Front national à l'université de Cambridge en 1977. Après un passage à vide dans les années 80, il adhère au BNP en 1995, une faction encore plus radicale que le Front national. Il en devient le chef quatre ans plus tard, quelques mois après avoir été reconnu coupable d'incitation raciale pour des brochures qualifiant l'Holocauste de supercherie.

Il aura aussi des ennuis avec la justice en 2006 concernant des propos islamophobes.

Aujourd'hui, le père de famille de 50 ans propose un fourre-tout de mesures racistes et populistes, allant de l'expulsion de Britanniques nés de parents immigrants au rétablissement de la peine de mort pour les meurtres prémédités.

Nimo Ahmed, 22 ans, craignait une flambée d'attaques racistes suite au passage télévisé de Griffin. «Cet homme devrait être en prison, avec les terroristes islamistes», dit la musulmane.