Roulez dans les déserts de la Californie et du Nevada et vous apprécierez les trois ressources énergétiques les plus importantes du Sud-Ouest américain: le soleil, le soleil et le soleil.

L'administration Obama a lancé plus de 20 études visant à ouvrir la voie à la construction de centrales solaires dans la région, l'une des plus ensoleillées au monde.

Même si l'idée est populaire auprès des électeurs et des grands groupes environnementaux, les groupes écologistes actifs dans les secteurs visés, eux, sont sur un pied de guerre.

Les immenses centrales solaires, disent-ils, vont perturber l'écosystème des zones protégées, consommeront beaucoup d'eau et seront situées à plusieurs centaines de kilomètres du lieu où l'énergie sera utilisée, entraînant des pertes.

«Quand on regarde ça rapidement, les centrales solaires dans le désert semblent être la solution parfaite», explique Chris Clarke, consultant environnemental et membre du Desert Protection Council Board, un groupe de San Diego.

«Quand on examine le tableau de plus près, les avantages ne sont pas si évidents.»

Des milliards de litres d'eau

Le solaire a la cote aux États-Unis: une compilation faite par le New York Times montre que 35 projets importants sont prévus en Californie seulement. Ces installations pourront fournir un total de 12 000 mégawatts en période de pointe, soit l'équivalent de la production de 10 centrales nucléaires.

Or, l'industrie du solaire fait face à un mouvement d'opposition. L'an dernier, une société allemande, Solar Millennium, a annoncé la construction d'une centrale solaire dans un endroit reculé du Nevada. Le projet semblait faire l'affaire de tous, jusqu'à ce que l'entreprise révèle que la centrale utilisera près de 5 milliards de litres d'eau par année. Cela représente 20% de l'eau consommée dans la région. Depuis, le projet a été bloqué, le temps que l'entreprise achète les droits de l'eau, une opération qui pourrait prendre des années.

En Californie, une loi empêche la construction de centrales qui utilisent un système de refroidissement à l'eau. Or, le seul processus de lavage des miroirs requiert d'importantes quantités d'eau. Une vaste centrale solaire planifiée par la firme Tessera Solar nécessiterait 45 millions de litres d'eau annuellement, principalement pour laver les miroirs.

«Tout se salit vite dans le désert, note M. Clarke, qui a habité dans le désert de Mojave l'an dernier. En gros, ils pompent l'eau avec des moteurs au diesel et arrosent les panneaux pour les nettoyer.»

Les centrales solaires les plus performantes et les moins coûteuses utilisent des miroirs pour concentrer les rayons du soleil sur un capteur, qui fait bouillir de l'eau et ainsi tourner une turbine à vapeur. La vapeur est ensuite refroidie dans les tours, où une partie de la chaleur et de l'eau est évacuée dans l'atmosphère.

Les centrales à panneaux photovoltaïques, quant à elles, utilisent des panneaux semblables à ceux qui se trouvent sur les toits des maisons. Elles demandent moins d'eau, mais produisent moins d'énergie et sont plus coûteuses à installer et à entretenir.

M. Clarke et son groupe préconisent l'installation de panneaux photovoltaïques en milieu urbain. «L'efficacité de ce type de panneaux augmente année après année. Et il n'est plus nécessaire de transporter l'électricité sur de longues distances quand on la fabrique chez soi.»

Rhone Resch, président de l'Association de l'industrie de l'énergie solaire, rejette cet argument. Selon lui, les panneaux installés en ville ne répondront pas aux besoins du pays - surtout si l'objectif est de réduire le nombre de centrales au charbon.

«Les faits sont incontournables: les États-Unis possèdent des infrastructures énergétiques centralisées», a-t-il confié récemment à la Radio publique nationale (NPR).

Selon lui, les critiques des groupes environnementaux sont malavisées, notamment parce que l'industrie de l'énergie solaire demande moins de 3000 kilomètres carrés en terres fédérales, soit 2% de ce que possède l'industrie du gaz et du charbon.

Pour M. Clarke, la balle et dans le camp de l'administration Obama. «C'est clair qu'Obama est mieux que Bush. Or, être mieux que Bush, c'est un critère assez peu exigeant. Il va falloir que la Maison-Blanche montre la voie.»