Le total des cotisations à l'assurance maladie privée explose aux États-Unis, alors que le projet de loi des démocrates fait du surplace au Congrès. Jeudi, le président Obama tiendra un grand sommet sur la santé auquel prendront part des démocrates et des républicains. L'avenir de millions d'Américains est en jeu. Entre-temps, une Californienne atteinte d'une maladie rare lance un site web dans l'espoir de marier un homme muni d'une bonne assurance maladie...

Comment survivre aux États-Unis quand vous êtes atteint d'une maladie rare et que les compagnies d'assurance refusent de vous couvrir?

 

Terri Carlson, 45 ans, croit avoir trouvé la réponse: chercher un mari. N'importe lequel.

Mme Carlson, mère de famille de San Diego, est atteinte d'une rare maladie appelée déficience C4, qui rend son corps incapable de combattre les bactéries et les virus.

Nouvellement divorcée, elle bénéficie de la prolongation du régime d'assurance de son ex-mari, payé durant un an par le gouvernement de la Californie. En 2011, elle sera laissée à elle-même.

Toutes les compagnies d'assurance de l'État refusent de la couvrir, sous prétexte que sa maladie requiert des soins trop coûteux.

Mme Carlson a pris son avenir en main: en janvier, elle a lancé un site web sur lequel elle dit être prête à marier «un homme ayant une bonne assurance maladie».

L'apparence physique lui importe peu. «Plus votre police d'assurance est généreuse, plus vous êtes sexy à mes yeux», écrit-elle. Son initiative s'est répandue sur l'internet. À ce jour, elle dit avoir reçu 10 000 courriels, dont 6000 propositions de mariage.

«Et j'ai reçu beaucoup de courriels du Canada, dit-elle en entrevue téléphonique. Qui sait, peut-être que c'est là que je déménagerai?»

Mme Carlson dit avoir été prise de court par la popularité de son offre. Aux gens qui croient qu'elle blague ou prend la chose à la légère, Mme Carlson répond que son offre est solide. «Sans traitements, je risque la mort.»

Le système de santé américain est brisé, dit-elle. «La seule façon d'avoir une assurance fournie par le gouvernement est d'aller en prison. Les prisonniers ont des services gratuits, alors que les citoyens ordinaires perdent leur maison et leur voiture pour payer leurs frais médicaux.»

Question complexe

La question de l'assurance maladie est complexe aux États-Unis. Pour des dizaines de millions d'Américains qui ont un emploi, les cotisations au régime sont prélevées à la source. Pour eux, l'assurance maladie semble être gratuite.

Le problème se révèle dans le cas des personnes mal assurées ou sous-assurées, qui se rendent compte une fois malades que leur couverture est inadéquate.

Le coût social est ahurissant. Quelque 45 millions d'Américains n'ont aucune assurance. Pas moins de 62% des faillites enregistrées aux États-Unis sont engendrées par des dépenses en soins de santé.

Autre problème: l'augmentation des cotisations. Ce mois-ci, Anthem Blue Cross, un des plus grands assureurs de Californie, a avisé ses clients que leurs cotisations mensuelles allaient grimper de 20 à 39% au printemps.

Explications de l'assureur: la crise économique a poussé plusieurs clients en santé à mettre fin à leur programme d'assurance, ce qui cause une baisse de revenus. Une explication qui ne sied pas à l'administration Obama, qui somme Anthem Blue Cross de justifier ces hausses.

Le pari d'Obama

Le dossier de la santé, si lié à la présidence de Barack Obama, pourrait connaître un regain de vie cette semaine.

La Maison-Blanche a convié les élus des deux partis à participer à un sommet sur la question, jeudi. Aujourd'hui, le président doit dévoiler sa proposition pour un projet de loi, qui pourrait être adoptée par une majorité simple au Sénat, un processus appelé «réconciliation».

Obama pourrait être en train de tendre un piège aux républicains, ont noté plusieurs observateurs. Il compte en effet intégrer certaines de leurs idées dans son programme. Si ceux-ci décidaient ensuite de s'y opposer, ils seraient taxés d'immobilisme.

Selon Mme Carlson, qui suit le débat de près, l'incapacité de l'administration Obama à faire adopter la réforme est désespérante. «Le gouvernement est capable de répondre rapidement à des crises comme celle d'Haïti, mais il est incapable d'aider sa propre population. Obama a promis du changement. C'est le temps de passer à l'action.»

Sur le web:

www.willmarryforhealthinsurance.com