La fête de Pâques approchant, il est difficile de résister à la tentation de parler de résurrection dans le cas de la réforme du système de santé voulue par Barack Obama. Donné comme mort par plusieurs observateurs il y a quelques semaines à peine, cet ambitieux projet qui pourrait définir la présidence du démocrate finira peut-être par devenir réalité. Comme il se doit, c'est le Congrès qui aura le dernier mot, à commencer par la Chambre des représentants, qui doit tenir demain un vote crucial sur la réforme. Le Sénat pourrait finaliser le tout avant le week-end pascal. Voici cinq choses à savoir à propos de cette réforme encore controversée.

LA RÉFORME SERA-T-ELLE ADOPTÉE?

La réforme du système de santé américain, principal chantier du président Barack Obama, entre probablement dans sa dernière ligne droite. La Chambre des représentants doit tenir demain un vote crucial portant sur le projet de loi adopté en décembre par le Sénat et un texte de 150 pages y apportant des «corrections». Si la Chambre vote en faveur du projet de loi du Sénat, la réforme tant débattue pourra être promulguée par le président dès demain. Quant aux corrections adoptées par la Chambre, elles n'entreront en vigueur que si elles sont entérinées par une majorité simple de 51 sénateurs. Le vote du Sénat sur ces amendements pourrait avoir lieu la semaine prochaine, mais les républicains se promettent de compliquer la tâche des démocrates.

 

 

EN QUOI LE VOTE DE LA CHAMBRE EST-IL «HISTORIQUE» ?

Le président Obama a reporté à juin le voyage en Indonésie et en Australie qu'il devait entamer demain, question d'être à Washington pour le vote de la Chambre sur la réforme du système de santé qu'il a qualifié hier d'«historique». Le sera-t-il vraiment? Si la réforme passe, il s'agira sans doute de la plus importante mesure sociale du gouvernement américain depuis l'adoption en 1935 du «Social Security Act», la loi qui a donné naissance au régime de retraite public, et la création en 1965 du programme d'assurance maladie Medicare pour les personnes âgées. Quant au 44e président, il se vantera sûrement d'avoir réussi là où tous ses prédécesseurs depuis Theodore Roosevelt ont échoué.

 

POURQUOI LE PROCESSUS A-T-IL ÉTÉ SI LONG?

La stratégie adoptée par le président Obama a contribué à étirer le processus devant mener à la réforme du système de santé. Après avoir ébauché les grandes lignes de cette réforme, le chef de la Maison-Blanche a non seulement délégué au Congrès le soin d'élaborer les textes de loi, mais également privilégié une approche bipartite. La stratégie a donné lieu à des tractations interminables entre démocrates et républicains, mais aussi entre démocrates progressistes et démocrates modérés ou conservateurs. Les républicains, dont la volonté de conclure une entente avec les démocrates a été mise en doute par plusieurs observateurs, ont profité des lenteurs du processus pour mobiliser les militants conservateurs, qui ont notamment fait entendre leur opposition à la réforme l'été dernier. L'élection surprise du républicain Scott Brown lors de l'élection sénatoriale au Massachusetts, en janvier, a compromis encore davantage la réforme de la santé, au point où certains la croyaient morte.

 

QU'EST-CE QUE LA RÉFORME CHANGERAIT POUR LES AMÉRICAINS?

32 millions d'Américains de plus seraient couverts

La réforme étendrait graduellement la couverture médicale à 32 millions d'Américains de plus, soit 95% des citoyens américains âgés de 65 ans et moins, comparativement à 83% aujourd'hui. Elle imposerait également aux assureurs de nouvelles règles dont bénéficieraient tous les Américains. Les assureurs se verraient notamment interdits de refuser une couverture sous prétexte de problèmes de santé préexistants. Ils ne pourraient pas non plus imposer des tarifs plus élevés aux personnes malades ou à celles qui l'ont déjà été. Ils leur seraient également défendu de mettre un terme à une couverture au prétexte que l'assuré tombe malade ou devient handicapé.

 

COMBIEN LA RÉFORME COÛTERAIT-ELLE?

930 milliards

Selon le bureau du Budget du Congrès, si le texte du Sénat était adopté avec les amendements souhaités par la Chambre, la réforme coûterait 930 milliards de dollars sur 10 ans. Elle réduirait cependant le déficit de 138 milliards de dollars sur 10 ans et de 1200 milliards de 2020 à 2029, selon le même organisme indépendant. Comment est-ce possible? En bonne partie grâce à une réduction de la croissance des dépenses reliées au programme d'assurance maladie Medicare pour les personnes âgées. Le coût de la réforme serait également assumé par une série de nouvelles taxes qui viseraient notamment les sociétés d'équipements médicaux, les laboratoires pharmaceutiques et les sociétés d'assurance.