La victoire de la Ligue du Nord aux dernières élections régionales italiennes est loin de représenter une anomalie à l'échelle du continent.

Elle constitue plutôt la plus récente illustration d'une tendance lourde puisque les ténors de la droite populiste, voire de l'extrême droite, font des gains dans nombre de pays.

 

«On observe, un peu partout en Europe, une crise économique profitant aux mouvements populaires xénophobes de droite qui viennent challenger la droite traditionnelle», souligne le politologue Jean-Yves Camus.

En France, le Front national, que l'on donnait mort après l'élection présidentielle de 2007, est repassé au-dessus de la barre des 10% lors des dernières élections régionales pour le plus grand plaisir de son fondateur, Jean-Marie Le Pen.

Aux Pays-Bas, le Parti de la liberté de Geert Wilders, qui surfe sur la vague d'islamophobie touchant le pays, a fait d'importants gains aux élections régionales et caresse de grandes ambitions pour les élections législatives de juin.

Le phénomène est encore plus probant en Europe de l'Est, par exemple en Hongrie, où l'on s'attend à ce que la droite nationaliste remporte une large victoire au scrutin prévu à la mi-avril.

Pays homogènes

Les avancées d'un courant profondément populiste et xénophobe sur un continent qui a vu de près les atrocités auxquelles il peut mener peuvent sembler étonnantes vues d'Amérique du Nord, convient M. Camus.

«Une différence fondamentale entre votre continent et le nôtre, c'est que les pays européens ne sont pas nés du multiculturalisme. Ils ont été pendant très longtemps profondément homogènes», souligne-t-il.

Les inquiétudes qui se manifestent à l'heure actuelle relativement à l'immigration musulmane dans plusieurs pays suggèrent qu'une frange importante de la population ne s'est pas du tout affranchie de l'image stéréotypée d'une Europe blanche et chrétienne, ajoute l'analyste.