Les États-Unis ont annoncé avec satisfaction lundi que l'Ukraine allait se débarrasser d'ici à 2012 de son uranium hautement enrichi, l'ingrédient clé d'une bombe A, quelques heures avant l'ouverture par Barack Obama d'un sommet sur la sécurité nucléaire.

«Aujourd'hui, l'Ukraine a annoncé une décision remarquable de se débarrasser de tous ses stocks d'uranium hautement enrichi d'ici à la tenue du prochain sommet sur la sécurité nucléaire en 2012», a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche Robert Gibbs.

Cette annonce spectaculaire est intervenue à l'issue d'une rencontre entre le président Obama et son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch convié à Washington avec près de 50 autres dirigeants d'États et des responsables d'organisations internationales à un sommet centré sur les risques de prolifération et de terrorisme nucléaire.

Des dangers que favorise, insistent les États-Unis, un contrôle insuffisant des matières fissiles entrant dans la fabrication des bombes A, l'uranium enrichi et le plutonium.

Washington ne peut donc que se féliciter de l'attitude de M. Ianoukovitch, d'autant plus qu'il n'est pas considéré comme pro-américain, contrairement à son prédécesseur Viktor Iouchtchenko.

L'Ukraine, qui avait hérité d'un arsenal nucléaire à la dissolution de l'URSS, s'en était déjà débarrassé.

Selon M. Gibbs, les quantités d'uranium hautement enrichi (U235) dont l'Ukraine va se défaire dans les deux prochaines années atteignent «environ 90 kg». «C'est assez pour construire plusieurs armes nucléaires», a-t-il affirmé.

«Les États-Unis fourniront l'aide technique et financière nécessaire à la mise en oeuvre de cette mesure», a ensuite indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué.

Lors du sommet de deux jours qui s'ouvre formellement en fin d'après-midi au palais des Congrès de Washington, M. Obama va essayer d'obtenir des dirigeants qu'ils s'engagent à sécuriser davantage leurs stocks d'uranium et de plutonium, pour éviter que des extrémistes puissent s'en emparer.

M. Obama a défini les enjeux de ce sommet, le plus important organisé par son pays depuis 1945 par le nombre de participants, en soulignant dimanche que «la plus grande menace contre la sécurité des États-Unis, que ce soit à court, moyen ou long terme, serait la possibilité qu'une organisation terroriste obtienne une arme nucléaire».

Lundi, son conseiller en chef pour le contre-terrorisme, John Brennan, a insisté sur l'urgence d'agir, affirmant que «les organisations criminelles internationales sont parfaitement au courant de l'intérêt des terroristes d'acquérir des matériaux fissiles».

Intervenant après M. Gibbs, il a assuré que cette situation «a incité ces criminels à rechercher des (matériaux) nucléaires pour leur propre profit».

Interrogé sur le prochain sommet de 2012 sur la sécurité nucléaire, dont il était fait mention pour la première fois officiellement lundi, M. Gibbs a indiqué qu'il reviendrait sur sa date et sa localisation, mardi, deuxième et dernier jour du sommet de Washington.

De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué lundi qu'il allait défendre lors du sommet l'interdiction de produire des matériaux fissiles pour des armes nucléaires.

«À Washington, je vais appeler tous les dirigeants du monde à se retrouver ensemble, peut-être au siège des Nations unies en septembre, pour avancer sur cet objectif essentiel, ce qui serait une étape clé dans le désarmement nucléaire», a-t-il poursuivi.

Les sanctions contre l'Iran, accusé de vouloir se doter de l'arme ultime, devraient aussi faire l'objet des conversations en marge du sommet. Le représentant iranien à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar Soltanieh, a affirmé lundi que son pays, qui ne sera pas représenté à Washington, ne se sentirait pas lié par ses décisions «connues d'avance».