Le président Barack Obama a qualifié de «ridicule» le comportement des géants pétroliers responsables du déversement en Louisiane, hier, alors qu'un directeur de BP a admis que la fuite ne serait pas colmatée avant une semaine au minimum.

En point de presse devant la Maison-Blanche, le président Obama a dit avoir été irrité par l'attitude des dirigeants des sociétés en cause, qui se sont renvoyé la balle devant le Congrès, mardi.

 

«Les dirigeants de BP, Transocean et Halliburton se bousculaient pour faire porter la responsabilité sur quelqu'un d'autre. Les Américains n'ont pas été dupes et moi non plus», a dit le président, qui a prévenu qu'il ne tolérera plus ce genre d'attitude.

M. Obama a aussi été dur envers l'agence fédérale chargée de surveiller l'industrie pétrolière, le Mineral Management Service: «Durant la dernière décennie ou plus, une relation de complaisance s'est établie entre les pétrolières et l'agence qui délivre les permis de forage. Il semble que les permis ont été délivrés sans vérification. Cela ne se reproduira pas.»

Voilà maintenant trois semaines que BP tente, sans succès, de stopper le flot du pétrole qui s'échappe dans le golfe du Mexique. Hier soir, la société a dit qu'elle s'apprêtait à essayer d'aspirer une partie du pétrole à l'aide d'un tuyau près de l'embouchure de la fuite.

Véracité mise en doute

La véracité de l'information que diffuse BP a, une fois de plus, été mise en doute, hier. Des océanographes américains experts en matière de déversements pétroliers estiment que la fuite est de 5 à 10 fois plus importante que ce que BP affirme (voir autre texte).

Signe que Washington doute de la capacité de BP à prendre les choses en main, le président Obama vient d'envoyer le secrétaire de l'Énergie, Steven Chu, et une équipe de scientifiques pour épauler les ingénieurs du géant pétrolier.

Physicien lauréat d'un prix Nobel en 1997, Chu a assemblé une équipe comprenant des scientifiques du Massachusetts Institute of Technology (MIT), de l'Université Berkeley et de l'Université de Washington pour tenter de trouver une solution au déversement. Les physiciens choisis sont spécialisés dans des domaines aussi divers que la robotique, l'astrophysique et même l'exploitation de robots sur Mars.

Les propos qu'a tenus jeudi le président de BP, Tony Hayward, ne risquent pas de séduire la Maison-Blanche. Dans une entrevue, M. Hayward a dit que le déversement était «relativement minuscule» en comparaison avec «l'océan, très vaste».

Douglas Brinkley, historien spécialiste de la côte du golfe du Mexique à l'Université Rice, a accusé BP de mentir au public. «Nous devons cesser de nous fier à ce que dit BP, a-t-il dit à CNN hier. Nous avons besoin de transparence. BP dit qu'elle a la situation bien en main alors que ce n'est pas le cas. Elle mène une campagne de désinformation.»