Après Boston et Minneapolis, le Bixi gagne Londres, qui a choisi Montréal comme ville modèle pour son système de vélos libre-service. Le fabricant québécois du Bixi a conçu les milliers de bicyclettes qui sillonneront Londres dès vendredi. Le maire Boris Johnson réussira-t-il à reproduire le succès de Bixi dans une ville que les cyclistes jugent hostile?

Dès vendredi, 6000 bicyclettes fabriquées au Québec apparaîtront dans les rues de Londres. Avec l'aide de Montréal, le maire Boris Johnson espère faire disparaître la mauvaise réputation de sa ville auprès des cyclistes.

Avec ses rues étroites, ses autobus imposants et ses rares pistes cyclables, Londres est à l'opposé d'Amsterdam, où la bicyclette est reine. Les accidents mortels, souvent causés par des camions virant à gauche, n'échappent pas à une presse sceptique face au futur service de location. En 2009, 13 cyclistes sont morts et environ 400 ont été gravement blessés.

Selon Stefanie van Gemert, cycliste néerlandaise expérimentée, rouler à Londres relève du sport extrême. «Contrairement à Amsterdam, le cyclisme ne fait pas partie de la culture londonienne, dit l'étudiante de 28 ans. Je me suis souvent retrouvée dans des situations dangereuses.»

Jamais à court de superlatifs, Boris Johnson, qui pédale chaque jour de chez lui à la mairie, promet une «révolution du cyclisme» pour les Londoniens. Les vélos de location, qui n'ont pas de surnom comme le Vélib' de Paris et le Bixi de Montréal, en sont la clé de voûte.

Des modifications

Pourquoi avoir choisi Bixi? Montréal avait le meilleur produit, explique le directeur du projet, Rick Hickerton. «La proposition de Montréal était la plus inspirée. Pour mettre sur pied le Bixi, on a tenu compte des problèmes qu'avaient éprouvés d'autres villes, comme Lyon et Paris. Nous savions que nous serions entre bonnes mains.»

Les attentes étaient élevées face au constructeur québécois Devinci. Le Bixi a subi 43 modifications à la demande du service des transports de Londres. Les garde-boue ont été élargis, les roues ont été renforcées. Les phares s'éteindront deux minutes après l'arrêt du véhicule. Aussi, le système de freins a été inversé pour respecter le sens de la circulation sur la gauche.

Avec ses 23kg, la structure d'aluminium découragera les vandales, croit Rick Hickerton.

«Nous avons été très impressionnés par nos partenaires québécois, poursuit M. Hickerton, de Transport for London. J'ose prédire que notre système aura encore plus de succès que le Bixi montréalais.»

Délais

Cependant, tout ne va pas comme sur des roulettes pour le nouveau système. Vendredi, seulement 330 des 400 stations seront opérationnelles. Aussi, seuls les utilisateurs qui ont acheté un abonnement en ligne pourront louer des vélos.

Les touristes et les usagers occasionnels devront ronger leur frein jusqu'à la fin août avant de pouvoir les essayer.

La presse londonienne parle de «ratés». Rick Hickerton explique que les «pionniers» du service permettront à la ville de prévoir les trajets types des Londoniens.

«Toutes les villes ont eu le même problème: certaines stations étaient désertes alors que d'autres avaient peu de bornes libres. Cette première phase nous permettra de nous adapter en douceur», dit-il.

Londres, ville cyclable? Il s'agit d'un pari de 140 millions de livres sterling en cinq ans pour la mairie. La banque Barclays a déboursé 25 millions pour que le service porte son nom. Son logo est visible à trois endroits sur le vélo.

Aussi, la ville de Londres vient d'introduire deux «autoroutes cyclables» vers le centre-ville. Elle en prévoit 10 autres d'ici à 2015. Une campagne publicitaire pour sensibiliser les automobilistes à la présence de leurs compagnons sur deux roues est en cours.

Rick Hickerton n'est pas inquiété par les prophètes de malheur: «Depuis 10 ans, la fréquence des accidents a baissé de 25% alors que le nombre de cyclistes a doublé», dit-il.

De son côté, Stefanie van Gemert fait preuve d'optimisme. «Si les usagers sont bien guidés vers des routes sûres, cela devrait bien se faire.»