Un groupuscule religieux de la Floride a réaffirmé, hier, son intention de brûler des centaines d'exemplaires du Coran, le livre qui appartient à «la religion du diable», selon son pasteur, Terry Jones.

Jones dit avoir reçu «des centaines» de menaces de mort depuis une semaine et affirme se déplacer sur les terrains de son église avec un revolver. Hier, le FBI a visité l'endroit, pour parler à Jones et faire le point sur la situation. Le projet du pasteur et de ses fidèles a été dénoncé par plusieurs organisations nationales aux États-Unis.

Or le pasteur de l'Église évangélique Dove World Outreach Center refuse d'annuler sa «journée pour brûler le Coran», qui doit avoir lieu samedi, jour du 9e anniversaire des attentats du 11 septembre.

«Nous sommes en train d'évaluer la situation, a dit Jones en entrevue à CNN, hier. Nous examinons nos projets et les conséquences qu'ils pourraient avoir. Nous évaluons notre message, ce que nous voulons faire comprendre à la population.»

La police de la ville de Gainesville, où se trouve l'Église qui regroupe une cinquantaine de familles, compte ériger un périmètre de sécurité autour du centre religieux. Plusieurs centaines de personnes sont attendues samedi, et les contre-manifestants promettent d'être également très nombreux.

L'an dernier, pour commémorer les attentats du 11 septembre, l'Église de Terry Jones avait distribué des t-shirts où l'on pouvait lire «L'Islam est le diable».

Appel au calme

Plusieurs groupes religieux ont pris la parole dans une conférence de presse à Washington, hier, pour condamner les intentions de la petite Église évangélique de la Floride.

Un groupe composé de leaders chrétiens, juifs et musulmans a diffusé un communiqué qui dénonce le projet.

«Il s'agit d'un acte d'intolérance dirigé à l'endroit de la communauté musulmane américaine», a dit le rabbin David Saperstein, du Centre religieux pour la réforme du Judaïsme.

Brûler des corans «constitue une offense particulièrement néfaste qui doit être vivement condamnée par tous ceux qui désirent honorer la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001», a-t-il ajouté.

Hier, l'administration Obama a ajouté sa voix à celles des gens qui demandent au groupe de ne pas se livrer au coup d'éclat. Le porte-parole du département d'État, P.J. Crowley, a appelé les gens à dénoncer le projet.

«Nous estimons qu'il s'agit d'un geste de provocation. Ce sont des gestes antiaméricains.»

Jones et son groupe ont provoqué les critiques de plusieurs groupes internationaux de même que celles du général David Petraeus, selon qui l'acte mettra en danger la vie des troupes américaines en poste à l'étranger.

Hier, le maire de New York, Michael Bloomberg, a dit que le projet de brûler des corans était «de mauvais goût», mais que le pasteur avait le droit de le faire.

«Je ne crois pas que nous devrions décider de faire appliquer le premier amendement de la Constitution (ndlr: concernant la liberté de religion) seulement dans les causes avec lesquelles nous sommes en accord», a-t-il dit.