Dans les années 40, des scientifiques américains ont inoculé la gonorrhée et la syphilis à des centaines de prisonniers et de personnes atteintes de maladie mentale au Guatemala.

Longtemps gardés secrets, ces tests sordides ont été menés pour évaluer l'efficacité de la pénicilline pour traiter les maladies transmissibles sexuellement (MTS).

Informé jeudi de l'existence de ce programme par la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, le président du Guatemala, Alvaro Colom, a vivement réagi hier: «Ce qui est arrivé à l'époque est un crime contre l'humanité et le gouvernement se réserve le droit de porter plainte», a-t-il dit.

Hier, Mme Clinton a présenté des excuses officielles aux Guatémaltèques qui ont ainsi servi de cobayes de 1946 à 1948.

«Nous sommes scandalisés de voir que des recherches aussi déplorables ont été menées sous les auspices de la santé publique, a-t-elle dit. Ces expériences étaient clairement contraires à l'éthique. Elles sont répréhensibles.»

Les cobayes humains n'avaient pas été informés de l'objet de l'expérience ni de ses conséquences. Les chercheurs ont encouragé leurs patients à transmettre les maladies sexuelles. Aucun n'a reçu de traitement adéquat.

Cette nouvelle tragique rappelle la tristement célèbre étude Tuskegee, menée entre 1932 et 1972 dans la ville du même nom, en Alabama. Dans cette expérience, des médecins du gouvernement avaient inoculé la syphilis à près de 400 Noirs pour étudier la propagation de la maladie. Il existait des traitements pour cette maladie, mais les chercheurs ne les ont pas administrés aux patients.

L'étude au Guatemala et celle de l'Alabama ont été pilotées par le même médecin, le Dr John C. Cutler, qui les a défendues jusqu'à sa mort. C'est une chercheuse qui passait en revue les archives du Dr Cutler qui a récemment découvert l'existence de l'étude secrète menée en Amérique centrale.

Il serait réconfortant de croire que ces méthodes font partie d'une ère révolue. La réalité, toutefois, est plus floue.

Les chercheurs américains testent toujours leurs médicaments à l'étranger. Un récent rapport du département de la Santé montre que 80% des médicaments approuvés en 2008 pour la vente aux États-Unis ont été testés uniquement à l'étranger.