Qui, au sein de l'administration de George W. Bush, a donné à la CIA le feu vert pour soumettre les suspects de terrorisme à la simulation de noyade après les attentats du 11 septembre 2001?

Depuis longtemps, les défenseurs des droits de la personne cherchent à trouver une réponse à cette question, histoire d'établir la responsabilité ultime pour l'emploi d'une méthode d'interrogatoire considérée comme un acte de torture illégal par plusieurs experts internationaux.

Et voici que le 43e président des États-Unis répond lui-même à cette question dans ses mémoires, intitulés Decision Points (Instants décisifs, selon la traduction française), qui paraîtront le 9 novembre et dont les médias américains ont commencé à publier des extraits.

«Damn right», se souvient d'avoir lancé George W. Bush au responsable de la CIA qui lui demandait si ses agents pouvaient soumettre le cerveau des attentats du 11 septembre 2001, Khaled Cheikh Mohammed, à la simulation de noyade.

«Oh que oui.»

De toute évidence, l'ancien président ne craint pas d'être poursuivi par le ministre actuel de la Justice, Eric Holder, qui a qualifié d'acte de torture la simulation de noyade, une technique consistant à déverser de grandes quantités d'eau sur le visage d'un individu immobilisé sur une planche inclinée et dont le visage est recouvert d'une serviette, afin de créer une sensation de suffocation.

«Si je n'avais pas autorisé le recours à la simulation de noyade contre des figures majeures d'Al-Qaïda, j'aurais eu à accepter un risque accru d'une attaque contre le pays», écrit George W. Bush dans ses mémoires, qui se veulent une méditation sur ses décisions les plus importantes, dont celles de dire adieu à l'alcool et d'envahir l'Irak.

Remplacer Cheney

L'ancien président y fait d'autres confidences inédites qui n'ont cependant pas la portée de son aveu sur la simulation de noyade. Il avoue notamment avoir songé à remplacer Dick Cheney, son controversé vice-président, qui a lui-même offert de ne pas briguer un second mandat en 2004.

«J'ai considéré l'offre, écrit George W. Bush. Même si Dick était un atout auprès de pans importants de notre base, il était devenu la cible de choix des médias et de la gauche. Il était perçu comme le Darth Vader de l'administration.»

Dans un autre aveu étonnant, George W. Bush estime avoir vécu le pire moment de sa présidence lorsque le rappeur Kanye West lui a reproché, lors d'un concert télévisé pour venir en aide aux victimes de l'ouragan Katrina, de ne pas se soucier des Noirs. Quand l'animateur de NBC Matt Lauer s'est étonné de ce choix dans une entrevue qui sera diffusée le 8 novembre, l'ancien président a signé et persisté.

«Il m'a traité de raciste», a déclaré celui qui a dû gérer la crise liée aux attentats du 11 septembre 2001. «Je n'ai pas apprécié, à l'époque. Je n'apprécie toujours pas aujourd'hui.»

Dans son livre, sur le même sujet, George W. Bush écrit: «Je n'aime pas entendre les gens prétendre que j'ai menti sur les armes de destruction massive en Irak ou que j'ai diminué les impôts pour le profit des riches. Mais suggérer que j'étais raciste à cause de la réponse accordée à Katrina représente l'un des pires coups.»