Il ne manque pourtant pas de républicains de renom qui ont exhorté le Sénat à ratifier le traité de désarmement START. Figurent parmi ce groupe les anciens secrétaires d'État Henry Kissinger, George Schultz, James Baker et Colin Powell, qui ne peuvent être qualifiés de naïfs.

N'empêche, le nouveau Traité sur la réduction des armes stratégiques signé en avril par Barack Obama et son homologue russe, Dmitri Medvedev, est désormais menacé. Prenant la Maison-Blanche au dépourvu, les républicains du Sénat ont en effet annoncé mardi leur intention de bloquer toute tentative de ratification du traité d'ici la fin de 2010.

Or, il sera beaucoup plus difficile, voire impossible, d'obtenir une ratification du traité en 2011 après l'arrivée des six nouveaux sénateurs républicains issus des élections de mi-mandat.

Craignant pour la survie d'un traité dont la ratification nécessite l'appui des deux tiers du Sénat, soit 67 élus sur 100, l'administration Obama a lancé hier une contre-attaque pour tenter d'obtenir la tenue d'un vote sur cette question cette année.

«Nous pouvons et nous devons avancer maintenant concernant le nouveau traité START, pendant la session de fin d'année du Congrès», a déclaré la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton à l'occasion d'une rare visite au Sénat.

«Ce traité est prêt pour un vote au Sénat des États-Unis», a-t-elle ajouté, accompagnée du sénateur démocrate John Kerry, président de la commission des Affaires étrangères, et du républicain Richard Lugar, membre de cette commission, qui tient tête à son parti sur cette question.

Réduction des têtes nucléaires

Le nouveau traité START prévoit un maximum de 1550 têtes nucléaires déployées pour chacun des deux pays, soit une réduction de 30% par rapport à un niveau établi en 2002. Pour Barack Obama, cet accord se veut une étape vers d'autres réductions plus importantes.

Mais le sénateur d'Arizona Jon Kyl, à qui ses collègues républicains ont confié la responsabilité de les représenter dans ce dossier, s'est mis en travers des visées de la Maison-Blanche. Il a affirmé mardi que le Congrès n'aurait pas le temps d'ici la fin de l'année de régler les «problèmes non résolus concernant START et la modernisation» de l'arsenal nucléaire américain.

Vote test

L'administration Obama estime cependant avoir répondu à toutes les demandes et inquiétudes des républicains. L'échec d'une ratification du nouveau traité START pourrait non seulement nuire à la crédibilité internationale du président américain, mais également aux relations russo-américaines.

En revanche, une adoption du traité par le Sénat constituerait un succès politique important pour Barack Obama au moment où il apparaît le plus vulnérable. Plusieurs analystes soupçonnent les républicains de ne pas vouloir offrir au président démocrate une telle chance de rehausser son image aux États-Unis et à l'étranger.

Quoi qu'il en soit, la Maison-Blanche a refusé hier d'abandonner son objectif de recueillir cette année les 67 voix nécessaires à la ratification du nouveau traité START.

«Nous pensons que nous les aurons», a déclaré le porte-parole président Robert Gibbs, en précisant que le vote sur la ratification du traité constituerait «un test sur la façon dont les deux partis peuvent travailler ensemble».

«Le président continuera à plaider en faveur de cela», a-t-il ajouté.