S'il faut en croire la métaphore sportive de l'heure à Washington, Barack Obama a abandonné le rôle de quart-arrière pour celui beaucoup moins noble de botteur de dégagement. Selon un titre publié sur le site internet du Washington Post, le président démocrate est ainsi devenu le punter-in-chief.

Ce titre lui a été attribué au lendemain de la présentation de son projet de budget pour 2012, qui vise à réduire le déficit fédéral de 1100 milliards de dollars en 10 ans sans toucher à un seul des problèmes à long terme du gouvernement américain.

D'où cette image d'un Barack Obama qui se contente de botter le ballon en laissant aux générations futures le soin de maîtriser la croissance exponentielle des coûts du régime de retraite (Social Security) et des régimes d'assurance maladie pour les personnes âgées et pauvres (Medicare et Medicaid), qui représentent aujourd'hui 40% des dépenses fédérales.

Mais la métaphore la plus juste est peut-être celle du joueur de poker qui attend la main-clé. Et celle-ci ne viendra pas tant que les républicains de la Chambre des représentants n'auront pas présenté leur propre projet de budget pour 2012, ce qui devrait arriver en mars.

Aux journalistes qui s'étonnaient du fait qu'aucun plan budgétaire ne visait la réforme des programmes les plus coûteux du gouvernement, Barack Obama a répondu hier: «Vous êtes pas mal impatients. Si quelque chose n'arrive pas aujourd'hui, vous postulez dès lors que cela n'arrivera pas.»

«Le but est d'amener tout le monde à participer à un débat sérieux sur la direction que nous voulons emprunter et de nous assurer que tout le monde monte à bord du bateau sans le faire chavirer», a-t-il ajouté.

Une première étape

Le budget du président, faut-il rappeler, n'est que la première étape de la préparation du budget fédéral. Son influence dépend en bonne partie du nombre d'élus que compte le parti présidentiel dans chaque chambre du Congrès. Or, les républicains, qui viennent d'acquérir la majorité à la Chambre, voudront assurément présenter un budget qui reflète leurs priorités.

Oseront-ils, comme ils l'ont promis avant les élections de mi-mandat, s'attaquer aux coûts de la santé et des retraites? Barack Obama semble vouloir attendre qu'ils fassent le premier pas sur ce terrain miné, ce qui ne leur plaît guère.

«Ce que nous avons ici est une abdication totale de leadership», a déclaré lundi Paul Ryan, président de la commission du Budget de la Chambre des représentants. «Je m'attendais à des hausses d'impôts, mais je m'attendais aussi à des réformes ou à des limitations des dépenses, et nous n'obtenons rien de cela.»

Surnommé «Monsieur Budget», Paul Ryan a promis hier que les républicains de la Chambre s'attaqueraient aux programmes déficitaires comme Medicare et Medicaid. De son côté, Barack Obama a exprimé, lors de sa conférence de presse, sa volonté de négocier avec les républicains.

«Regardez l'histoire de ces ententes», a-t-il dit en faisant allusion aux changements déjà apportés au système de retraite ou au programme Medicare. «Ces ententes n'ont pas été conclues parce qu'il y avait un plan Obama sur la table. Elles ont été conclues parce que démocrates et républicains étaient prêts à s'attaquer à ces problèmes de façon sérieuse.»