Depuis 11 jours, des milliers de manifestants paralysent le Capitole du Wisconsin. Au coeur du litige: une loi anti-syndicats proposée par le gouverneur Scott Walker, appuyé par le Tea Party.

Les milliers de manifestants font tellement de bruit que les policiers dépêchés sur place disent devoir faire leur travail avec des bouchons dans les oreilles.

D'ordinaire peu enclins à manifester, les enseignants, pompiers et autres employés du secteur public de l'État paralysent, depuis 11 jours, le Capitole, siège du gouvernement du Wisconsin, à Madison. Ils veulent empêcher le gouverneur, Scott Walker, de couper dans leurs conditions de travail et de mettre fin au droit de syndicalisation.

Le gouverneur reste sur ses positions.

«Nous sommes prêts à prendre tout le temps qu'il faudra, car au bout du compte, nous faisons la bonne chose», a dit Walker, cette semaine. Selon lui, les coupes sont nécessaires afin de combler un trou budgétaire de 137 millions de dollars.

Hier, le sénateur démocrate Tim Cullen a dit aux médias être mystifié par l'intransigeance du gouverneur, entré en fonction le mois dernier et élu grâce au soutien du Tea Party. Il note que M. Walker vient d'accorder une baisse d'impôts de 140 millions aux grandes entreprises du Wisconsin.

«C'est le huitième gouverneur avec qui je travaille, et c'est la première fois qu'un gouverneur - qu'il soit démocrate ou républicain - affirme publiquement qu'il ne négociera pas, a-t-il dit. Les gouverneurs qui négocient finissent par avoir 70, 80% de ce qu'ils veulent. C'est comme cela que le gouvernement fonctionne.»

Après s'être concertés, les démocrates et les syndicats ont offert au gouverneur d'accepter les coupes, en échange de l'abandon de la provision anti-syndicats, un compromis qu'a refusé Scott Walker.

Pour bloquer le passage de la loi, les 14 sénateurs démocrates du Wisconsin ont quitté l'État pour trouver refuge en Illinois. La présence d'au moins un sénateur démocrate est requise pour que les républicains, majoritaires au Sénat du Wisconsin, puissent passer au vote. Les élus démocrates entendent rester à l'extérieur de l'État jusqu'à ce qu'une entente soit conclue.

»Raisons politiques»

La tension dans le débat au Wisconsin a monté d'un cran, mercredi, quand le gouverneur Walker a été piégé au téléphone par un journaliste d'un site web progressiste local. Las de ne pouvoir joindre le gouverneur, le journaliste s'est fait passer pour le milliardaire conservateur David Koch, le plus important donateur de la récente campagne de Walker.

Durant la conversation de 20 minutes, enregistrée et diffusée sur l'internet, le gouverneur révèle avoir songé à placer des «agitateurs» parmi les manifestants afin de «créer du trouble». Il dit aussi d'un sénateur démocrate modéré et allié potentiel: «Il est raisonnable, mais il n'est pas l'un des nôtres. Il n'est pas là pour des raisons politiques. Il cherche à trouver des solutions pragmatiques.»

Des propos qui ont fait dire aux observateurs nationaux que le gouverneur ne souhaite pas dénouer l'impasse. «Ce ne sont pas là des paroles d'un chef d'État: ce sont les mots d'un tyran», a écrit Dana Milbank dans le Washington Post, hier.

Pour l'heure, les citoyens du Wisconsin sont plutôt favorables aux droits des syndiqués. Quelque 56% des répondants d'un sondage mené cette semaine par Pulse Opinion Research croient que les employés de l'État devraient garder le droit de se syndiquer, tandis que 32% pensent le contraire.