La France, qui entretenait des liens étroits avec plusieurs régimes secoués par le « printemps arabe », dont la Libye de Mouammar Kadhafi, va au rythme des révolutions, de polémique en polémique.

Le président Nicolas Sarkozy, après avoir cherché à minimiser l'importance de la crise que traverse la diplomatie française, semble s'apprêter à lâcher du lest en remerciant de ses fonctions l'actuelle ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie.

Selon le quotidien Le Monde, un remaniement ministériel pourrait avoir lieu dans les prochains jours pour remplacer la politicienne, dont la crédibilité a été sérieusement entachée par ses liens avec le régime de l'ex-dictateur tunisien Zine el-Abidine Ben Ali.

L'austère ministre a d'abord suscité la polémique en proposant, alors même que des Tunisiens tombaient sous les balles, de faire profiter le pays du « savoir-faire sécuritaire » français.

Ses difficultés ont encore gagné en importance lorsque les médias ont révélé qu'elle avait passé ses vacances de Noël en Tunisie, voyageant pour l'occasion à bord de l'avion privé d'un influent homme d'affaires local brassant des affaires avec ses parents.

Juppé en relève?

Au cours des derniers jours, des voix se sont élevées même à droite pour réclamer le départ de Michèle Alliot-Marie, qui pourrait être remplacée par l'actuel ministre de la Défense, Alain Juppé.

En entrevue à la radio hier, la politicienne a écarté les « rumeurs » sur sa mise à l'écart. « Ma devise est bien faire et laisser dire », a assuré la ministre, qui partait pour une mission de deux jours au Koweït.

Les ennuis de Mme Alliot-Marie sont amplifiés par le fait que son mari, Patrick Ollier, ministre chargé des relations avec le Parlement, a longtemps entretenu des relations étroites avec Mouammar Kadhafi à titre de président du groupe d'amitié France-Libye.

Les médias français ressortent depuis quelques jours les déclarations passées de M. Ollier, qui s'est rendu plusieurs fois à Tripoli pour soutenir des ventes d'armement selon le site Mediapart. Il affirme aujourd'hui qu'il a agi dans « l'intérêt général ».

Sarkozy critiqué

Le président Sarkozy, qui est en dernière instance responsable de la politique étrangère du pays, est aussi montré du doigt pour avoir accepté de recevoir en grande pompe Mouammar Kadhafi à Paris en 2007. Il s'était félicité alors de la conclusion de plusieurs contrats d'envergure qui ne se sont pas matérialisés depuis.