Les grands syndicats sont en campagne de mobilisation contre une réforme des pensions qui prévoit, entre autres, la retraite à 66 ans d'ici à 2020. Une première journée de grève est prévue ce jeudi, mais l'appui du grand public se fait attendre.

Un demi-million d'enseignants et 250 000 fonctionnaires protesteront à Londres ce jeudi contre une réforme des retraites du secteur public qui frappera 6 millions de travailleurs.

Cette journée de grève sera le prélude du plus important mouvement social depuis près d'un siècle, a prédit Dave Prentis, directeur du syndicat Unison, qui compte 1,4 million de membres.

Annie Holder, 57 ans, fera partie des manifestants. Si le projet du premier ministre David Cameron de hausser l'âge de la retraite à 66 ans pour 2020 va de l'avant, l'enseignante devra travailler six années de plus avant de toucher sa pension.

L'âge de la retraite en Grande-Bretagne est de 60 ans pour les femmes et de 60 à 65 ans, selon les secteurs, pour les hommes, une disparité que le gouvernement souhaite rectifier.

«C'est une question de dignité, dit-elle en entrevue téléphonique. Nous méritons mieux que de gratter les fonds de tiroir et de travailler jusqu'à notre mort.»

Les grands syndicats s'opposent au «triple assaut» du gouvernement qui, en plus de vouloir hausser l'âge de la retraite, propose d'augmenter les cotisations au régime des rentes de 3,2% dès avril 2012 et de diminuer les prestations des retraités.

Ils brandissent la menace de grèves tournantes cet automne si la coalition des conservateurs et des libéraux-démocrates ne fait pas marche arrière.

Le gouvernement britannique assure qu'il en va de la survie des retraites à long terme. Il cite à titre d'exemple le coût des pensions des enseignants qui sera de 16 milliards de dollars en 2015 contre 8 milliards en 2005.

Pour le moment, les hauts cris des organisations syndicales ne parviennent pas à émouvoir l'opinion publique. Pas moins de 63% des Britanniques pensent que les travailleurs syndiqués doivent «mettre la main à la pâte» en ces temps d'austérité, selon un récent sondage.

Même le Parti travailliste, traditionnellement proche des syndicats, refuse de donner son appui inconditionnel au mouvement de grève.

Une entente entre les deux parties serait préférable, écrit le célèbre chroniqueur Andrew Rawnsley, du journal de gauche The Observer. «Il faut remonter 30 ans en arrière pour se souvenir d'une grève qui a remporté du succès. Ces jours-ci, c'est davantage un signe de faiblesse et de désespoir», écrit-il.

> Allemagne : 67 ans

> Suède : entre 61 et 67 ans

> Espagne : 65 ans

> France : 60 ans

> Grande-Bretagne: 60 ans (femmes) et 65 ans (hommes)