Les forages de deux puits de secours visant à récupérer les mineurs bloqués dans une mine chilienne de San José ont dépassé mardi les 110 mètres de progression, signe d'une course accélérée pour accéder aux 33 hommes, «heureux» d'entendre les engins, et de suivre mardi du football en direct.

L'engin «T 130», qui perçait depuis 48 heures un puits présenté jusque-là comme un «Plan B» de secours, «a dépassé la profondeur atteinte» par l'autre excavateur, la Strata 950, en l'espace de huit jours, à indiqué l'ingénieur Miguel Fort à la presse près de la mine de San José.

Selon un bilan dressé à mi-journée mardi, le T-130 avait creusé à 123m, contre 113m pour la Strata 950.

Le T-130 a fortement accéléré sa cadence, puisqu'il n'avait atteint que 26 mètres lundi.

«C'est quelque chose qui était programmé», étant donné que l'excavateur ne fait qu'élargir «un conduit déjà existant» de 700m de long et 12cm de diamètre, qui servait à ravitailler les mineurs, a précisé l'ingénieur.

Le puits principal, à l'inverse, est entièrement nouveau.

Ces deux engins forent des conduits encore relativement étroits, de 30cm chacun environ. Dans un deuxième temps, ils doivent élargir ces puits à 66-70cm de diamètre, afin d'extraire les mineurs un par un, avec l'aide d'une nacelle.

Selon les autorités, les «33» bloqués depuis 32 jours au fond de la mine, seront secourus entre début novembre, «dans un scénario optimiste», et début décembre.

Les progrès enregistrés mardi ne changent rien à ces délais, ont souligné les ingénieurs.

Par contre, cette «saine concurrence» entre deux machines (une troisième percera un «Plan C» d'ici deux semaines) et deux équipes d'ingénieurs pour arriver aux mineurs, a des échos jusque chez les mineurs au fond de la mine.

Selon l'ingénieur Rene Aguilar, «ils ont commencé à entendre les bruits de la perforation, et ils sont heureux car ils sentent que cela avance».

«Ils ont calculé eux-mêmes en fonction du bruit que les machines devaient être aux alentours de 100m», a-t-il précisé. «L'oreille d'un mineur est la meilleure qui soit».

Mardi, les 33 mineurs qui comptent parmi eux un ancien international de football des années 1980, Franklin Lobos, devaient suivre en direct un match amical Ukraine-Chili à partir de 14h00 (18h00 GMT), grâce à un système de transmission par fibre optique et un écran de projection.

Cette gâterie s'inscrit dans l'arsenal de mesures des autorités et secouristes pour aider le moral des hommes du fond à tenir plusieurs mois.

Dans un bulletin de santé, le Bureau national des urgences (Onemi), a signalé mardi qu'un des 33 mineurs souffrait d'un mal de dents «persistant» soigné désormais aux antibiotiques.

Un autre «est traité par médicaments» pour des problèmes de tension «préexistants» à l'accident survenu le 5 août, ajoute l'Onemi.

Les mineurs, qui s'alimentent normalement depuis la semaine dernière après une phase prudente de réhydratation et réalimentation, reçoivent désormais 2400 calories par jour.

Un total de 80 lettres leur ont aussi été envoyées dans la dernière livraison de courrier lundi. Seuls cinq mineurs n'ont reçu aucun courrier.

Les sondes creuses qui les ravitaillent régulièrement depuis deux semaines en nourriture, médicaments, courriers, jeux ou journaux, devraient bientôt doubler en capacité. Leur taille va passer de deux à quatre mètres de long.