Un premier puits de secours a atteint samedi les 33 mineurs bloqués depuis deux mois dans la mine chilienne de San José, déclenchant l'euphorie des secouristes et des familles, qui devraient retrouver leurs proches dans les jours prochains.

Des klaxons, la cloche de la mine, ont retenti à 08h05 (12h05, heure GMT) pour annoncer la jonction à 622 m sous terre, après plus d'un mois de forage. Les parents des mineurs se sont enlacés et ont éclaté en sanglots à l'approche de la fin de cet épisode de survie souterraine sans précédent, qui a captivé le monde entier.

«Il nous aura fallu 33 jours de forage pour parvenir aux 33 mineurs» -32 Chiliens et un Bolivien-, s'est félicité le ministre des Mines, Laurence Golborne, qui une semaine après l'éboulement du 5 août dans la mine, jugeait les chances de survie des mineurs très faibles.

«C'est une sensation très forte. J'imagine ce que doit ressentir mon frère là-bas, à l'intérieur» de la mine, a réagi, en larmes, Gaston Henriquez.

«J'ai peu pleuré, mais maintenant, je suis très émue», a témoigné Cristina Nunez, compagne du mineur Claudio Yanez, qui comme beaucoup a couru jusqu'au sommet de la colline dominant le site, où les familles ont planté 33 drapeaux, 32 chiliens et un bolivien.

Des ingénieurs, des secouristes travaillant sur le forage, se sont ensuite mêlés aux familles, pour des embrassades, des poses photos.

Les derniers centimètres «étaient très stressants. On savait qu'on y arriverait, mais jusqu'au bout on a retenu son souffle», a expliqué Jeff Hart, un ingénieur américain venu spécialement d'Afghanistan, qui était aux commandes de l'engin au moment précis de la jonction.

Autre bonne nouvelle, le puits de secours est «en très bon» état, et il ne devrait être nécessaire de le renforcer que sur 70 m, a estimé Pedro Buttazzoni, président de l'entreprise qui a fourni l'excavatrice T-130, tandis que Miguel Fort, conseiller technique des travaux, avance le chiffre de 80 à 100 m.

Moins les secouristes auront besoin de gainer les parois du puits avec des tubes d'acier pour faciliter le passage de la nacelle qui hissera les mineurs un à un, plus vite pourra commencer le treuillage des «33» vers l'extérieur.

«À la fin de la journée, nous donnerons des informations sur les prochaines étapes» des secours, a simplement déclaré M. Golborne.

Vendredi, il avait évoqué une remontée «trois à huit jours» après l'achèvement du puits. Le ministre de la Santé, Jaime Manalich, avait estimé que le sauvetage pourrait intervenir dès mardi.

«Nous préférons que ce soit une décision prise dans la sérénité», a expliqué à l'AFP Doris, mère du mineur Pedro Cortez.

«Si nous avons attendu plus de deux mois, qu'est-ce que cela nous coûte d'attendre deux ou trois jours de plus?», ajoute-t-elle.

«Cet accident est survenu à cause d'un manque de sécurité. Ce que tout cela doit nous apprendre est qu'il faut protéger les mineurs une fois pour toutes», abonde Nelly Bugueno, mère de Victor Zamora.

«L'important est qu'ils soient secourus en vie, et de manière sûre», a insisté le président chilien Sebastian Pinera, qui fera «tout son possible» pour être auprès des familles des mineurs mardi.

Les mineurs seront hissés à la surface dans une étroite nacelle métallique treuillée par une grue. L'opération devrait prendre un jour et demi à deux jours, à raison d'une heure ou un peu plus par individu.

Les 33 devront auparavant élargir à l'explosif la zone d'arrivée du puits, pour faciliter les manoeuvres avec la nacelle.

L'effervescence est palpable près de la mine de cuivre et d'or isolée dans le désert d'Atacama, une ruche chaque jour plus active où un millier de journalistes sont attendus ce week-end.

Les mineurs, eux, ont vécu la jonction avec «beaucoup de calme», a assuré M. Golborne.

«Ils vont très bien, ils sont très contents» a déclaré à l'AFP le médecin sportif Jean Romagnoli, qui les suit à l'extérieur.

Des répétitions générales du «Jour J» ont commencé jeudi, incluant le transfert à l'hôpital de Copiapo, en moins d'un quart d'heure, à bord d'hélicoptères de l'armée.

Les mineurs seront hospitalisés d'urgence si nécessaire, ou, dans un deuxième temps, pour des examens approfondis de 48 heures, après un contact restreint avec quelques proches.

M. Manalich a rappelé que les principaux soucis de santé à ce jour de ces 33 hommes, découverts en vie au bout de 17 jours par une sonde souterraine, étaient «des problèmes dentaires d'une certaine gravité», et «des problèmes cutanés».