Deux semaines après l'arrivée à Montréal de Belhassen Trabelsi, beau-frère du président déchu de la Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali, la communauté canado-tunisienne s'impatiente et demande des comptes au gouvernement fédéral.

En conférence de presse à Ottawa, le Collectif de solidarité avec les luttes sociales en Tunisie a déploré que le Canada n'ait pas encore gelé les actifs de M. Trabelsi ni extradé l'homme vers la Tunisie, comme le réclame le gouvernement provisoire de Tunis.

«Nous demandons au gouvernement canadien de cesser de tergiverser dans le dossier tunisien et de respecter ses engagements internationaux», a souligné Sonia Djelidi. Bien qu'il n'existe pas de traité d'extradition entre les deux pays, le groupe exhorte Ottawa à collaborer avec les autorités tunisiennes pour que M. Trabelsi, visé par un mandat d'arrêt international, soit rapidement renvoyé dans son pays.

D'autre part, le collectif prétend que la Convention des Nations unies sur la corruption, que le Canada et la Tunisie ont ratifiée, pourrait aider Ottawa à accélérer le gel des actifs de l'homme d'affaires afin que l'argent qu'il est soupçonné d'avoir volé au peuple tunisien «ne soit pas dilapidé».

«Si le gouvernement canadien a pris les devants, il faut qu'il agisse en toute transparence et qu'il démontre quelles sont les mesures qui ont été prises», a réclamé Vincent Valaï, avocat associé au collectif.

Ottawa reste prudent

Malgré les critiques, le gouvernement est toutefois resté prudent dans ses commentaires. «On est dans un régime de droit. La Loi sur les renseignements privés m'empêche d'aller dans le fin détail du dossier», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. «Nous allons déployer tous les efforts pour que, dans le cadre de la législation existante, nous puissions accommoder les besoins du gouvernement tunisien.»

Le député libéral Denis Coderre, qui accompagnait le collectif, estime que le gouvernement pourrait faire des gestes immédiats et qu'il s'agit surtout de volonté politique. Le critique du Bloc québécois en matière d'affaires étrangères, Jean Dorion, a quant à lui réclamé que l'on confie le dossier à un seul ministre du gouvernement, pour éviter le «cafouillage».