N'entre pas qui veut en Libye. Le gouvernement canadien l'a appris à ses dépens lorsqu'il a échoué, jeudi, à envoyer un avion nolisé à Tripoli pour évacuer ses ressortissants du pays en crise.

Pour pallier ce retard dans l'évacuation des Canadiens de la Libye, Ottawa a mis toute la gomme en après-midi: vol nolisé à partir de la Jordanie, appareil militaire C-17 dérouté d'Allemagne, ententes avec d'autres pays alliés; même l'avion du gouverneur général a été réquisitionné pour être envoyé au besoin dans la capitale libyenne.

En matinée, le premier vol prévu pour évacuer les ressortissants canadiens a finalement été annulé à la dernière minute, alors que des dizaines de Canadiens s'étaient rendus, en vain, à l'aéroport de Tripoli. En raison de la dégradation de la situation sécuritaire, l'avion de la compagnie Skyline, nolisé par Ottawa, n'a pu obtenir les autorisations nécessaires pour se rendre en Libye.

Les autorités canadiennes ont ensuite mis une partie de la journée à développer un «plan B», jugeant que la situation devenait de plus en plus urgente.

De passage en Italie, où il devait accueillir les premiers Canadiens évacués à bord du premier avion qui ne s'est finalement jamais rendu à Tripoli, le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a souligné en soirée avoir pris «tous les moyens possibles» pour accélérer le processus, exhortant «fermement tous les Canadiens à quitter le pays».

Dans une conférence de presse annoncée à la dernière minute sur Twitter, non télédiffusée et qu'il était impossible d'écouter par téléphone, il a indiqué que près de 200 Canadiens avaient déjà été évacués ou étaient «sur le point de l'être», grâce à des ententes d'entraide avec d'autres pays, qui eux ont pu faire atterrir des avions ou accoster des navires dans les ports libyens.

Selon les chiffres approximatifs du ministère des Affaires étrangères, 36 Canadiens auraient pris un vol nolisé par l'Espagne en direction de Madrid, 74 seraient partis vers Londres grâce au gouvernement britannique et 16 ressortissants se seraient envolés vers Malte, en plus des 26 personnes embarquées à bord d'un navire américain se dirigeant vers le petit État insulaire.

Ainsi, «presque tous les Canadiens qui attendaient à l'aéroport de Tripoli» ont pu être évacués au cours de la journée, a dit le ministre Cannon.

Ottawa a annoncé en après-midi l'envoi d'un avion militaire C-17, de même qu'un avion nolisé parti d'Amman, en Jordanie. Mais au moment de mettre sous presse, ni un ni l'autre n'avaient encore atteint la Libye. L'avion canadien qui devait transporter le gouvernement général David Johnston pour une visite au Koweït, aujourd'hui, a aussi été «mis en attente».

D'autres ressortissants

En fin de soirée, le ministère comptait 352 Canadiens qui s'étaient inscrits auprès des services consulaires, 247 d'entre eux ayant fait savoir qu'ils souhaitaient quitter la Libye. Il pourrait toutefois se trouver quelques centaines d'autres ressortissants canadiens dans le pays.

En mi-journée, le gouvernement britannique s'est excusé auprès de ses citoyens pour la lenteur des évacuations.

Du côté canadien, alors que les partis de l'opposition commencent à critiquer la lenteur de la réaction d'Ottawa, on rétorque que les représentants du gouvernement travaillent sans relâche pour s'assurer que les Canadiens soient évacués de façon sécuritaire «par tous les moyens possibles», a dit l'attachée de presse du ministre Cannon, Lynn Meahan.