Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni vendredi et est tombé d'accord pour s'efforcer d'adopter une résolution imposant des sanctions contre le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi tandis que la répression sanglante se poursuivait en Libye.

Un projet de résolution rédigé par les Occidentaux, auquel a eu accès l'AFP, avertit Mouammar Kadhafi qu'il pourrait être poursuivi pour crimes contre l'humanité. «Les attaques étendues et systématiques qui ont lieu actuellement en Libye contre la population civile peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité», souligne le texte.

Ce document, qui a circulé parmi les quinze pays du Conseil réunis à propos de la crise en Libye, évoque des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, une interdiction de voyages pour le colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs.

Le projet de résolution saisit par ailleurs le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) à propos de la crise en Libye.

«Il y a une importante communauté de vues entre les membres du Conseil de sécurité» sur ce texte, a affirmé l'ambassadeur français à l'ONU Gérard Araud.

Le Conseil de sécurité a décidé de reprendre ses consultations samedi à 11h00 pour tenter d'adopter un texte.

«Les membres du Conseil de sécurité continuent d'être profondément inquiets de la détérioration de la situation en Libye», a souligné Maria Luiza Ribeiro Viotti, ambassadrice du Brésil à l'ONU et présidente en exercice du Conseil.

Ils «sont tombés d'accord pour étudier de façon urgente un projet de résolution, y compris des mesures ciblées spécifiques», a-t-elle dit.

Le Conseil doit prendre des mesures «concrètes» concernant la Libye, a estimé le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon devant le Conseil.

«Une perte de temps signifie une perte en vies humaines», a-t-il dit. «Il est temps pour le Conseil de sécurité de considérer des mesures concrètes».

«La violence doit cesser», a jugé le chef de l'ONU. «Ceux qui versent avec tant de brutalité le sang d'innocents doivent être punis», a-t-il ajouté, citant le chiffre de plus de 1000 morts.

«Il y a des affrontements quotidiens dans au moins trois villes près de Tripoli». «Les gens ne peuvent pas quitter leurs maisons de peur d'être abattus par les forces gouvernementales ou les milices».

«Les partisans du colonel Kadhafi se seraient livrés à des recherches maison par maison. Selon certaines informations, ils seraient allés dans les hôpitaux pour tuer les opposants blessés», a-t-il encore indiqué.

«Il y a d'autres allégations sur le meurtre de soldats qui refusaient de tirer sur leurs concitoyens», a relevé Ban Ki-moon.

L'ambassadeur libyen à l'ONU, Mohammed Shalgham, qui jusque-là était resté loyal au colonel Kadhafi, a parlé d'«exactions». «S'il vous plaît les Nations unies, sauvez la Libye. Qu'il n'y ait pas d'effusion de sang, pas de tueries». «S'il vous plaît, s'il vous plaît, adoptez une résolution courageuse», a-t-il dit d'une voie émue, comparant Mouammar Kadhafi à Pol Pot et Adolf Hitler.

«Il est important pour nous, le peuple libyen, que le Conseil de sécurité prenne maintenant une vraie décision pour arrêter l'effusion de sang». «Vous ne pouvez pas être un dirigeant, un roi ou un président si vous tuez votre peuple», a-t-il encore dit.

L'ambassadeur a fait défection au régime du colonel Kadhafi, comme l'avait fait lundi son adjoint Ibrahim Dabbashi, a indiqué vendredi un diplomate des Nations unies sous couvert d'anonymat.