L'agence policière internationale Interpol a émis vendredi une «Notice orange» à l'endroit du colonel libyen Mouammar Kadhafi et quinze autres Libyens, dont des membres de sa famille, en appui à la décision de la Cour pénale internationale de faire enquête sur les crimes contre l'humanité qui pourraient avoir été commis en Libye.

Interpol a ajouté par voie de communiqué que sa décision vise à aider les 188 états-membres à faire respecter les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies. La «Notice orange» informe les membres d'Interpol des dangers associés aux déplacements des individus visés et de leurs biens.

L'agence policière a précisé que Kadhafi et les autres individus ciblés par cette mesure auraient participé à l'exécution ou la planification d'attaques, dont des bombardements aériens, contre des populations civiles.

Par ailleurs, les forces loyales au colonel Mouammar Kadhafi ont lancé vendredi des gaz lacrymogènes contre les manifestants qui s'étaient réunis à Tripoli, pour réclamer le départ du leader libyen.

Environ 1500 personnes ont quitté la mosquée Murad Agha après la prière de midi dans le quartier de Tajoura, dans l'est de la capitale, criant «les gens veulent faire tomber le régime». Ils brandissaient des drapeaux aux couleurs de la monarchie qui régnait avant l'arrivée du colonel Kadhafi au pouvoir, et devenus la bannière des opposants.

Mais les forces pro-Kadhafi ont rapidement pris place et ont lancé des salves de gaz lacrymogènes, et face aux manifestants qui continuaient d'avancer, elles auraient tiré sur la foule ou en l'air, selon des témoins.

Les manifestants se sont alors éparpillés, certains trouvant refuge dans la mosquée, selon un journaliste d'AP présent sur place. Un médecin a précisé que plusieurs personnes ont été blessées et évacuées vers l'hôpital le plus proche.

Dans la matinée, les forces loyales à Kadhafi avaient installé des points de contrôle autour de la capitale, avant les manifestations, ce qui laissait craindre de nouvelles violences.

Quelques heures avant la prière, les rues étaient presque vides. Dans le quartier rebelle de Tajoura, une voiture de police était garée à quelques pâtés de maison de la principale mosquée. Plusieurs miliciens se tenaient aux points de contrôle à l'entrée de la zone, fouillaient les véhicules et demandaient les papiers d'identité des conducteurs.

L'accès à Internet semblait complètement coupé à Tripoli et Benghazi, fief de l'opposition dans l'est du pays.

À Zawiya, ville tenue par les rebelles la plus proche de la capitale, une unité commandée par un des fils du colonel Kadhafi a lancé une attaque vendredi pour en reprendre le contrôle, a témoigné un habitant. Quatre personnes auraient perdu la vie, dont le commandant militaire des rebelles, le colonel Hussein Darbouk.

Les hommes de la brigade Khamis, du nom du fils de Kadhafi, ont attaqué la ville par l'ouest, tirant des obus de mortier. Des combats se sont engagés avec les habitants armés et des troupes ralliées à l'opposition à coups d'armes automatiques et de mitraillettes.