Les pays du Golfe ont envoyé lundi des troupes à Bahreïn pour soutenir la monarchie sunnite, en proie à une contestation grandissante de l'opposition chiite qui a crié à «l'occupation étrangère».

La présidence américaine a appelé les pays du Golfe à «faire preuve de retenue, à respecter les droits des Bahreïnis, et à agir de manière à soutenir le dialogue au lieu de le saper».

Sur la place de la Perle à Manama, foyer de la contestation populaire, les manifestants se préparaient à une veillée d'armes, se déclarant déterminés à faire face à toute attaque, alors que la tension communautaire était vive dans la capitale bahreïnie aux rues quasi-désertes.

Les autorités bahreïnies ont appelé la population à «coopérer entièrement» avec les forces saoudiennes et des autres pays du Golfe venues prêter main-forte aux autorités face à l'extension de la contestation chiite.

«Les forces du Bouclier de la Péninsule sont arrivés à Bahreïn (..) pour aider à protéger la sécurité des citoyens, des habitants et des infrastructures vitales», a annoncé un communiqué officiel.

Plus d'un millier de soldats saoudiens sont déjà arrivés à Bahreïn, selon un responsable saoudien sous le couvert de l'anonymat.

Ryad a indiqué avoir «répondu à une demande de soutien de Bahreïn», dans un communiqué du gouvernement, qui précisé réagir à une menace sur la sécurité.

La télévision d'État bahreïnie a diffusé des images montrant «l'avant-garde» d'un contingent de la force commune des pays du Golfe en train d'entrer à Bahreïn en provenance d'Arabie saoudite, reliée à Bahreïn par un pont-digue.

Les Emirats arabes unis ont de leur côté envoyé «environ 500 policiers» pour aider les autorités à restaurer l'ordre, selon le ministre des Affaires étrangères des Emirats, cheikh Abdallah ben Zayed.

«Le peuple de Bahreïn fait face à un réel danger, celui d'une guerre contre les citoyens bahreïnis sans déclaration de guerre», ont souligné les sept composantes de l'opposition, dont le puissant Wefaq chiite, dans un communiqué.

«Nous considérons l'entrée de tout soldat, de tout véhicule militaire dans les espaces terrestre, aérien ou maritime du royaume de Bahreïn comme une occupation flagrante», a ajouté l'opposition.

Elle a appelé la communauté internationale à «protéger le peuple de Bahreïn du danger d'une intervention militaire» et à «convoquer pour cela le Conseil de sécurité» de l'ONU.

Ce déploiement intervient après une intensification de la mobilisation de manifestants chiites qui bloquaient lundi les accès du centre de Manama, où se trouvent le quartier d'affaires et des bâtiments publics, selon un correspondant de l'AFP.

La ville est quasiment paralysée par une grève générale lancée à l'appel des syndicats pour protester contre la répression de manifestations.

«Nous sommes prêts à faire face à toute force qui nous attaquerait», a affirmé Abbas, un manifestant de 25 ans campant sur la place de la Perle, où des contestataires observent un sit-in depuis le 19 février pour réclamer des réformes.

Les manifestants ont érigé des barricades de fortune autour de la place, alors que des orateurs se succédaient au micro pour donner des conseils sur les moyens de faire face à une éventuelle attaque.

Le CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats, Koweït, Oman et Qatar) avait exprimé sa solidarité avec les autorités bahreïnies et décidé le 10 mars de créer un fonds de développement de 20 milliards $ pour aider Bahreïn et Oman, autre pays en proie à des manifestations.

Les partis de l'opposition réclament des réformes politiques et une véritable monarchie constitutionnelle, mais certains manifestants n'hésitent pas à demander le départ de la dynastie sunnite des Al-Khalifa qui gouverne ce pays dont la population autochtone est en majorité de confession chiite.