La France a convoqué pour samedi un sommet international sur la Libye à Paris, qui devrait être décisif dans le déclenchement éventuel d'une action militaire après l'ultimatum lancé vendredi soir par Paris, Londres, Washington et des pays arabes à Kadhafi.

Le sommet débutera au palais présidentiel de l'Élysée à 13h30 (8h30 heure du Québec). Il vise à associer les pays arabes et africains aux Occidentaux, qui menacent d'une intervention militaire, et se tiendra en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et de la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

Le premier ministre britannique David Cameron, en pointe avec Nicolas Sarkozy sur le dossier libyen, et la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays s'est abstenu jeudi soir lors du vote du Conseil de sécurité de l'ONU ouvrant la voie à un recours à la force, seront aussi là.

Tout comme le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy, la diplomate en chef de l'U.E. Catherine Ashton ainsi que le président de la Commission de l'Union africaine Jean Ping.

Paris, Londres, Washington et des pays arabes ont lancé vendredi soir un ultimatum à Tripoli, qui a annoncé un peu plus tôt un cessez-le-feu, appelant à la fin «immédiate» de «toutes les attaques» contre la population libyenne, sous peine d'une intervention.

«La résolution 1973 adoptée par le Conseil de sécurité impose des obligations très claires», affirme le communiqué commun diffusé par la présidence française.

«Kadhafi doit mettre fin à l'avancée de ses troupes sur Benghazi et les retirer d'Adjdabiyah, Misratah et Zawiyah. L'approvisionnement en eau, électricité et gaz doit être rétabli dans toutes les zones. La population libyenne doit pouvoir recevoir l'aide humanitaire», ajoute le communiqué.

«Ceci n'est pas négociable. Si Kadhafi ne se conforme pas à la résolution 1973, la communauté internationale lui en fera subir les conséquences et la mise en oeuvre de la résolution sera imposée par des moyens militaires», affirme-t-on également.

La résolution 1973 se veut d'abord une réponse à un appel de la Ligue arabe à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Elle y ajoute cependant le recours possible à «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les populations civiles libyennes, c'est-à-dire à des bombardements.

«Nous avons toutes les raisons de penser que, sans contrôle, Kadhafi pourrait commettre des exactions contre son peuple. Des milliers de personnes pourraient mourir. Une crise humanitaire s'ensuivrait», a déclaré le président américain Barack Obama dans une allocution à la Maison-Blanche.

Le sommet de Paris samedi «sera l'occasion d'abord d'analyser les déclarations qui viennent d'être faites par le régime de Kadhafi sur le cessez-le-feu et d'en tirer les conclusions», a indiqué le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, en répétant que «tout est prêt» pour une action militaire.

Les dirigeants devraient discuter du rôle que jouerait l'OTAN en appoint d'une coalition menée par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne.

Un responsable de l'Alliance a annoncé vendredi que l'OTAN avait décidé d'accélérer la planification militaire en vue d'une éventuelle participation à l'intervention internationale alors que la France a réaffirmé qu'elle ne souhaite pas une implication de l'OTAN.

«Nous ne pensons pas que ce soit un bon signal que l'OTAN en tant que telle intervienne dans un pays arabe», a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

La France et la Grande-Bretagne ont arraché l'accord à l'ONU en grande partie grâce à un soutien de pays arabes, dont certains, comme le Qatar et les Émirats, seraient prêts à participer à une opération militaire.