Plus de la moitié des Égyptiens aimeraient que le traité de paix conclu avec Israël en 1979 soit annulé, indique un sondage de l'institut américain Pew Research Center rendu public lundi.

Le sondage souligne l'impopularité de ce traité, qui est au coeur de la politique des États-Unis dans la région et qui a été scrupuleusement respecté par l'ancien président Hosni Moubarak jusqu'à son renversement, le 11 février.

Le sondage révèle aussi que la plupart des Égyptiens sont optimistes quant à la direction que prend leur pays après le soulèvement populaire qui a permis de renverser le président, et qu'ils ont hâte de voir la démocratie s'implanter dans leur pays.

La chute de l'autoritaire président égyptien et la mise en place d'un système plus démocratique pourrait toutefois menacer les relations avec le voisin israélien.

Selon les résultats du sondage, seulement 36 pour cent des Égyptiens sont favorables au maintien du traité, contre 54 pour cent qui voudraient qu'il soit annulé.

Malgré des décennies de paix et d'échanges commerciaux limités entre les deux pays, la plupart des Égyptiens ont une opinion négative des Israéliens, en grande partie parce qu'ils estiment que ceux-ci maltraitent les Palestiniens.

Les opinions varient selon le revenu des personnes sondées. Ainsi, 60 pour cent des Égyptiens à faible revenu soutiennent l'annulation du traité, alors que seulement 45 pour cent des classes les plus riches estiment qu'il devrait être aboli. Seulement 40 pour cent des Égyptiens possédant au moins un diplôme de niveau collégial estiment que le traité devrait être annulé.

Le sondage, basé sur des entrevues menées auprès de 1000 Égyptiens à travers le pays, a été mené du 24 mars au 7 avril. Il comporte une marge d'erreur de plus ou moins quatre points de pourcentage.

Le mouvement pro-démocratie égyptien, qui a permis de renverser le régime au pouvoir et qui a complètement reconfiguré l'environnement politique du pays, semble avoir eu un impact considérable dans l'attitude de la population. Le sondage montre un hausse importante de l'optimisme et un changement des priorités nationales.

En 2007, les Égyptiens étaient partagés sur la question de savoir ce qui était le plus important entre avoir un dirigeant fort et vivre en démocratie. Dans le sondage rendu public lundi, ils sont 64 pour cent à estimer que la démocratie est plus importante.

Les Égyptiens restent toutefois divisés sur les personnes qu'ils veulent voir diriger leur pays après des décennies de répression.

Les Frères musulmans et le Mouvement du 6 avril, deux groupes étroitement liés au soulèvement populaire, obtiennent les plus hauts taux d'approbation, plus de 70 pour cent des Égyptiens ayant une opinion favorable d'eux.

Les Égyptiens soutiennent aussi largement l'armée, qui a forcé Hosni Moubarak à la démission et qui dirige présentement le pays.

Parmi les noms avancés comme candidats potentiels à l'élection présidentielle de novembre, celui du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, est le plus populaire: 89 pour cent des sondés en ont une opinion favorable.

L'ancien candidat présidentiel Ayman Nour obtient quant à lui 70 pour cent d'opinions favorables, tandis que le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradeï n'obtient que 57 pour cent d'appuis.

Les Égyptiens continuent d'avoir une mauvaise opinion des États-Unis: ils ne sont que 20 pour cent à en avoir une image positive, comparativement à 17 pour cent en 2010.

Seulement 15 pour cent des sondés estiment que l'Égypte devrait avoir des relations plus étroites avec les États-Unis, contre 43 pour cent qui pensent que les deux pays devraient maintenir une certaine distance.