Le président du Yémen a fait sa première apparition publique depuis qu'il a été blessé lors de l'attaque contre son palais en juin, dans une apparente tentative de faire taire les spéculations sur son état de santé.

Ali Abdallah Saleh, qui est soigné en Arabie saoudite, a rejeté les appels de ses opposants qui lui demandent de quitter le pouvoir, mais son apparence très transformée contrastait avec son attitude de défi.

La vidéo a montré M. Saleh amaigri, le visage beaucoup plus foncé qu'à l'habitude, avec des bandages couvrant ses bras et ses mains. Il arborait une courte barbe et ses cheveux étaient couverts d'une coiffe traditionnelle arabe, deux éléments inhabituels pour le président, toujours rasé et portant le costume-cravate.

Dans une vidéo de sept minutes enregistrée en Arabie saoudite et diffusée à la télévision publique yéménite, M. Saleh affirme avoir subi plus de huit opérations, mais ne précise pas quand il rentrera dans son pays.

Le chef du parti au pouvoir au Yémen, un proche de M. Saleh, a affirmé que ce bref discours du président avait permis de mettre les choses au clair.

«Cette simple apparition à la télévision a clarifié les choses pour les gens et a fait taire plusieurs langues en montrant que le président est en bonne santé», a dit Yasser Yemani.

Mais un leader des manifestants dans la capitale, Mohammed Al-Thahiri, a affirmé que la carrière du président était finie. «On voit bien, à son apparence, qu'il ne peut revenir. Cet homme n'est plus en mesure de diriger le pays», a-t-il estimé.

M. Saleh, vêtu d'une tunique blanche et assis de façon rigide dans sa chaise, a accusé des «éléments terroristes» d'avoir mené l'attaque du 3 juin contre sa résidence. Il a affirmé que le dialogue était le seul moyen de sortir le pays de la crise.

«Où sont les gens conscients? Où sont les gens honnêtes? Où sont les croyants et les hommes qui craignent Dieu? Pourquoi ne soutiennent-ils pas le dialogue?», a lancé le président. «Ils devraient soutenir le dialogue pour que nous trouvions des solutions.»

«Plusieurs ont compris la démocratie de façon incorrecte, à travers des pratiques incorrectes», a poursuivi M. Saleh. Il a accusé ses opposants de pratiquer la politique du «détournement» et des «pressions directes», tout en se décrivant lui-même comme un défenseur de la démocratie et de la stabilité.

Le président n'a pas fait mention de la proposition des pays du Golfe soutenue par les États-Unis, en vertu de laquelle il cèderait le pouvoir en échange d'une immunité judiciaire.

Avant d'être blessé, M. Saleh avait refusé à plusieurs reprises de signer la proposition.

Dans la capitale yéménite, Sanaa, le bruit des coups de feu a retenti au moment où M. Saleh est apparu à la télévision. Tant les forces de sécurité que les manifestants pro-démocratie ont tiré dans les airs. Un leader des manifestants, Abdel-Hadi Al-Azazi, a indiqué qu'une petite explosion avait eu lieu sur la place publique où campent les opposants, faisant six blessés. On ne connaît pas la cause de l'explosion pour l'instant.

Ailleurs dans le pays, les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur des camps de manifestants à Taiz et à Ibb. Une personne a été tuée et des dizaines d'autres ont été blessées, selon un manifestant, Ahmed Aqeel.