Des vedettes militaires ont participé dimanche à une attaque contre la ville côtière syrienne de Lattaquié qui a fait au moins 21 morts et des dizaines de blessés, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon l'organisation, des vedettes militaires et des chars tiraient sur le quartier d'al-Raml al-Jounoubi à Lattaquié, théâtre ces derniers jours de manifestations massives réclamant la chute du régime syrien, confronté depuis près de cinq mois à un mouvement de contestation inédit.

Samedi matin, une vingtaine de blindés s'étaient regroupés à al-Raml al-Jounoubi, et les habitants, redoutant une offensive, avaient fui en nombre.

Selon l'OSDH, deux civils, dont un jeune homme de 17 ans, avaient été tués à Lattaquié samedi, et des manifestations à l'issue de la prière nocturne des Tarawih dans cette ville avaient essuyé des tirs des forces de sécurité.

Dimanche matin, de fortes explosions ont été entendues dans différents quartiers de la ville, a annoncé l'OSDH, un organisme basé en Grande-Bretagne et s'appuyant sur les témoignages de militants sur place.

Les forces de sécurité ont fait usage de lance-roquettes dans le quartier al-Sakentouri et un enfant a été blessé dans le quartier voisin de Boustane Saydaoui, a ajouté l'OSDH.

Parmi les victimes, l'OSDH a recensé des Syriens, mais aussi des Palestiniens. Le quartier visé par l'offensive abrite en effet le camp d'al-Ramal, où vivent de nombreux Palestiniens.

De leur côté, les Comités de coordination de la Révolution syrienne ont affirmé que plus aucun train ne circulait en direction et en provenance de Lattaquié.

En Jordanie, l'agence officielle Petra a aussi annoncé la mort d'un ressortissant jordanien de 20 ans, qui a succombé à ses blessures après avoir été touché par un tireur embusqué alors qu'il rendait visite à des proches à Homs, dans le centre de la Syrie.

En outre, l'armée et les forces de sécurité syriennes sont entrées dans la nuit de samedi à dimanche dans les banlieues damascènes de Sakba et Hamouriya et ont procédé à de nombreuses arrestations, selon la même source. Des tirs nourris ont été entendus dans ces deux localités.

Dans les faubourgs de la capitale comme à Lattaquié, les habitants étaient toujours isolés du monde dimanche, l'armée recourant de plus en plus fréquemment à des coupures des communications téléphoniques et de l'internet.

Dans un communiqué publié dimanche, six ONG de défense des droits de l'Homme ont appelé à la libération «immédiate» d'Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue syrienne des droits de l'Homme et source importante d'informations pour la presse étrangère, dont les mouvements dans le pays sont très limités.

Sur le plan diplomatique, le président américain Barack Obama a à nouveau évoqué sa préoccupation samedi, s'entretenant au téléphone avec deux de ses alliés, le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le premier ministre britannique David Cameron. Les trois dirigeants ont exigé un arrêt «immédiat» des violences.

M. Obama et le roi Abdallah «sont tombés d'accord sur le fait que la brutale campagne de violences du régime syrien contre son peuple devait cesser immédiatement», a indiqué la Maison-Blanche dans un communiqué.

MM. Obama et Cameron ont appelé à «mettre fin immédiatement au bain de sang» en Syrie, soulignant «la nécessité de répondre à l'exigence légitime de transition démocratique exprimée par le peuple syrien», selon un autre communiqué.

Dans le même temps, le Canada a gelé les actifs de quatre nouveaux dignitaires du régime, dont un oncle de M. Assad et le chef de la sécurité militaire de Hama (centre), où une offensive de l'armée début août a fait plus d'une centaine de morts.

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir jeudi une réunion spéciale qui sera consacrée aux droits de l'Homme et à l'urgence humanitaire en Syrie.

Depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars en Syrie, près de 1.800 civils ont été tués ainsi que plus de 400 membres des forces de l'ordre, selon un décompte de l'OSDH.